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par Paul Delsemme
et
Le Prince de Ligne franc-maçon
par Paul Delsemme

 
CHARLES DE COSTER ET LA FRANC-MAÇONNERIE

Il y a une vingtaine d'années déjà, dans une étude consacrée aux écrivains belges francs-maçons et en observant que le débat n'était pas clos, puis dans son récent ouvrage intitulé Les Écrivains francs-maçons de Belgique, Paul Delsemme se demandait dans quelle mesure il était légitime, sans forcer les textes, de tenir la Légende d'Ulenspiegel pour une transposition de la symbolique et des rites maçonniques(1). En effet, l'historien Henri Pirenne, par exemple, préférait présenter un Charles De Coster «solitaire et incompris, en dehors de la mêlée» et son livre comme «un affranchissement, un coup d'aile brusque, une évasion hors du voulu, de l'utilitaire, du politique, du banal dans la sphère de l'art pur(2).» Position malaisée à soutenir, quand on se souvient de la virulence des articles politiques de l'écrivain et d'un engagement radical dont il serait singulier qu'il n'ait laissé aucune trace dans son oeuvre majeure.
   La revue Uylenspiegel, fondée le 3 février 1856 par Félicien Rops, a commencé par refuser toute prise de position à l'égard du politique et du social. Cependant, dès février 1860, elle renonce à sa neutralité pour se faire, contre les doctrinaires, l'organe des libéraux progressistes et, en février 1862, elle se radicalise franchement, énonçant un programme qui reflète parfaitement les options de De Coster : «S'il faut une déclaration de principes, nous la ferons courte : ni les dieux, ni les saints, ni les papes, empereurs ou rois ne seront de nos amis.» C'est bien ce que dira De Coster, du 21 octobre 1860 au 11 août 1861, dans une bonne soixantaine de chroniques consacrées à des sujets d'actualité(3).
   Ses convictions s'expriment sans équivoque, tant à propos des questions internationales que des problèmes nationaux. Jugeant sans indulgence tous les souverains, suspects de préférer leur prestige au bien-être de leurs peuples, il condamne la mainmise de l'Autriche sur la Hongrie et l'Italie, s'apitoie sur la Pologne démembrée, juge sévèrement la France et l'Angleterre, puissances coloniales qui pillent la Chine au nom de la civilisation, s'indigne de l'esclavagisme défendu par les Confédérés dans la Guerre de Sécession et, surtout, s'enthousiasme pour Garibaldi, héros de l'unification italienne et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Enfin, comme tous ses contemporains, il redoute la menace française. Il déteste l'homme du coup d'État, fossoyeur des libertés, qui vient d'annexer Nice et la Savoie et rêve de faire subir le même sort à la Belgique.
   Plus net encore que son antidespotisme, son anticléricalisme. Ici encore, rien de surprenant pour ce libéral: depuis 1850, l'anticléricalisme s'est durci en face de l'intransigeance des évêques, les loges maçonniques ont essaimé et, à l'époque où écrit De Coster, les enterrements civils commencent à se multiplier. Aussi ne décolère-t-il pas contre le pape, «dernier débris du moyen âge», «successeur des chefs suprêmes des inquisiteurs, «gardien de toutes les chaînes» et contre sa servante l'Espagne qui de tous temps a «procédé de son mieux à l'anéantissement des Mores, au pillage des Indes et au rôtissement des hérétiques». Avec l'obstination du vieux Caton réclamant la ruine de Carthage, il appelle à la guerre contre «le gueux à la triple couronne», symbole d'obscurantisme et d'oppression des consciences.
   Il est un autre point sur lequel De Coster se rallie aux positions du jeune libéralisme : la question flamande, nettement posée à partir de 1857 contre le régime de centralisation francophone de la bourgeoisie censitaire. Car le mouvement flamand, au nom du sentiment démocratique, s'était acquis les sympathies de certains radicaux. En 1856, une association de soutien se fonde à l'Université libre de Bruxelles où, deux ans plus tard, Eugène Van Bemmel préside la société Vlamingen vooruit et signe en 1860 son manifeste avec ses anciens élèves Alphonse Willems et Alphonse Van Camp(4). Charles Potvin est lui aussi sympathisant, opposant la résurrection du flamand à l'influence «corruptrice» de la France. C'est l'opinion de De Coster : que le français serve aux relations internationales, sans doute, mais «songeons que ces Flamands que l'on craint […] sont la source vive de notre nationalité, l'antique élément germanique, digue puissante contre l'envahissement des tendances françaises» qui ont gangrené la grande et la moyenne bourgeoisies, menées par le commerce et l'intérêt. Résistance à l'influence française, motivations sentimentales et souci d'équité fondent et expliquent l'attitude de l'écrivain.
   Reste enfin la question sociale. Pour De Coster, chez lui l'artiste épaulant le jeune libéral, le bourgeois est avant tout celui qui pense bassement. En outre, le gouvernement doctrinaire s'étant aliéné l'aile radicale de son parti qui lui reproche ses positions retardataires et réclame l'instruction primaire laïque et obligatoire, l'attention à la cause flamande et des mesures en faveur de la classe ouvrières(5), le journaliste dénonce, chez les hommes politiques, les ambitieux et les opportunistes, ceux qu'il appelle «les libéroufles et les libérâtres», les nantis qui ont peur du rouge : «Voici bientôt quatre mille ans, écrit-il le 1er mars 1857, que les tondeurs ont raison contre les tondus.» Sa position n'est cependant pas celle d'un révolutionnaire. S'il prend la défense des tisserands gantois ou des grévistes du Borinage, il lui arrive (7 juillet 1861) de renvoyer dos à dos l'égoïsme patronal au nom de la justice et l'agitation ouvrière au nom de l'ordre. Mais il lui plaît d'appeler à la pitié. C'est ce qui apparaissait déjà, le 15 novembre 1848, dans une poésie intitulée Quelques chiens, lourde allégorie où le caniche, la levrette et le chien de berger désignent respectivement le bourgeois, l'aristocrate et le soldat et qui finit sur un appel à la pitié pour les miséreux et les crève-la-faim. «Voir le peuple, dit-il aussi, le peuple surtout. Le bourgeois est le même partout.» Peuple un peu mythique. Chez l'imprimeur Henri Samuel, il a vu les ouvriers à la table du patron et s'émerveille de la fraternité possible des classes : «Un ouvrier un peu ivre, vers la fin du dîner, ne cessait de répéter: Moi, je veux crever pour M. Samuel. — Mange plutôt, disait Henri et il lui remplissait son assiette et l'ouvrier buvait et mangeait en disant à tout bout de champ : Moi, j'aime mon bourgeois, moi je veux crever pour mon bourgeois. C'était drôle, on riait, mais c'était touchant(6).» Soucieux de réformes et non de bouleversements, son credo relève d'une sorte de socialisme utopique inspiré de George Sand, sans guère de prise sur le réel, et d'une confiance ingénue dans le progrès moral de l'humanité. Romantique et idéaliste, spontanément réfractaire à toute forme d'oppression, il a la bonne foi des anarchistes en chambre, mais il veut l'équité dans l'ordre et refuse la violence quand elle descend des mots dans la rue.
   Ce bref détour par l'activité journalistique de De Coster le montre, les thèmes traités sont caractéristiques de l'engagement des intellectuels du jeune libéralisme. Les ateliers maçonniques n'auraient rien trouvé à y reprendre et on les relèverait sans peine dans la Légende d'Ulenspiegel. Reste à savoir s'ils sont spécifiques de la Franc-Maçonnerie et surtout si la Légende présente des traits indiscutable de son allégeance à cette société. C'est ici que les avis se partagent. On cite volontiers le commentaire de Maurice Wilmotte, en 1927 : «En réalité, Thyl Ulenspiegel n'est pas que l'épopée d'une race; c'est aussi un roman politique, la revanche de la Franc-Maçonnerie, avec ses rites mystérieux, et du libéralisme démocratique avec ses outrances anticléricales, sur les timidités et les servitudes de l'opinion moyenne. […] Charles De Coster, que les écrivains de 1880 ont voulu isoler de ses contemporains, est […] bien de son temps et de son milieu». Un an plus tard, Joseph Hanse parle à son tour d'«un franc-maçon sectaire(7).» Plus près de nous, mais dans un esprit de sympathie, c'est également l'opinion de J.-M. Horemans, pour qui «l'interprétation maçonnique est indiquée dès les premières pages», et surtout de A. Nysenholc, qui écrit : «La Franc-Maçonnerie est la clef de voûte, la clef ésotérique de la Légende. Car la Légende serait une initiation au même titre que La Flûte enchantée(8).» En revanche, pour un autre bon connaisseur de la Légende, J.-M. Klinkenberg, il ne s'agit nullement d'un livre à clé et il ne saurait être question de «démasquer […] la franc-maçonnerie derrière les réformés(9)». Pour trancher, un autre détour s'impose peut-être par l'évolution personnelle de De Coster replacé dans les milieux qu'il a fréquentés.
   Issu d'une famille proche du peuple, il a reçu une éducation catholique et a été élève du Collège Saint-Michel. Tout jeune, aux dires de sa soeur Caroline, il a songé à se faire prêtre, vocation qui ne fut pas encouragée par le Père préfet du Collège : banale crise mystique de l'adolescence, qui ne signifie pas grand-chose. En juillet 1847, à vingt ans, il fait sa seule profession de foi explicite, celle d'un déiste qui refuse l'éternité des peines, mais admet l'immortalité de l'âme. Pour le reste : «Je crois en Dieu parce que tout me dit d'y croire, parce que ce ciel étoilé, cette terre chargée de fleurs, toute cette charmante nature, me disent qu'il y a au-dessus de nous, peut-être près de nous, un être infiniment bon, infiniment juste(10).»
   En 1850, il entreprend à l'Université libre de Bruxelles des études tardives, ce qui ne suppose pas nécessairement un changement d'orientation philosophique. Certes, il y subit l'influence de Jean-Jacques Altmeyer, son professeur d'histoire, engagé, fervent partisan de la liberté de pensée, radical et franc-maçon, qui vomit l'occupation espagnole de jadis et a pu contribuer à le détacher de la foi de son enfance(11). Mais on aurait tort d'imaginer que l'Université, qui du reste n'imposait l'adhésion à aucune doctrine, ait été un milieu uniformément rationaliste ou antireligieux. On y rencontrait nombre de catholiques : c'est le cas de Prosper de Haulleville, qui sera directeur de la Revue générale et du Journal de Bruxelles, de Victor Jacobs, futur leader catholique et de Charles Woeste. Le meilleur camarade de De Coster est alors le Luxembourgeois Félix Thyes, l'auteur de Marc Bruno, détaché certes de toute religion positive, mais fermement déiste. L'enseignement lui-même n'est ni agnostique ni même positiviste, quoique anticlérical. Il est plaisant de constater qu'une vingtaine d'années plus tard, en 1877, sur sept diplômés de l'Institut Saint-Louis, sept s'inscriront à l'U.L.B. et l'année suivante, six sur onze(12). Sans doute ces croyants n'y étaient-ils pas exagérément dépaysés. En 1844, le recteur François Van Meenen va jusqu'à donner l'idéal philosophique de la Maison pour un néo-christianisme réformateur de saint Paul. En philosophie, Guillaume Tiberghien (et même un peu Altmeyer) initie à la doctrine spiritualiste et théiste de Karl-Christian Krause et refuse le déisme libéral, voltairien, froid et vague. En 1867, le même Tiberghien met les jeunes en garde contre les périls de l'athéisme. Plutôt que sur les bancs de l'Université, De Coster se fera une opinion en fréquentant la société des Crocodiles, grands partisans de la lutte contre l'obscurantisme espagnol et adversaires résolus de Napoléon III. C'est auprès de ces dissidents qu'il a pu se former, plutôt qu'au contact d'un enseignement encore embué de métaphysique et d'un corps professoral majoritairement doctrinaire(13).
   Vient ensuite, à partir de 1856 jusqu'en 1861, le milieu de la revue Uylenspiegel, et l'on a vu déjà quels principes y défend alors un De Coster résolument passé au jeune libéralisme antidoctrinaire.
   Reste enfin son contact avec la franc-maçonnerie. Jusque vers 1820, la quasi-totalité des Loges, même anticléricales, se réclamaient de la religion catholique et il était interdit d'y traiter de questions politiques, mais la situation a considérablement évolué aux environs de 1850. De déiste et spiritualiste qu'elle était, la Maçonnerie s'est orientée vers un anticléricalisme de plus en plus virulent, vers l'antichristianisme et même l'antireligion(14). Fondée en 1838, la Loge «Les Amis du Progrès» fusionne en 1855 avec celle des «Vrais Amis de l'Union», fondée dès 1782, pour devenir le rendez-vous des «Vrais Amis de l'Union et du Progrès réunis»(15). Amené par Charles Potvin, nationaliste ardent et libéral militant, De Coster y est initié le 7 janvier 1858 sous le Vénéralat d'André Fontainas, futur bourgmestre de Bruxelles. Il y est en pays de connaissance. Dans son atelier ou chez «Les Amis philanthropes», il retrouve son maître Altmeyer, Charles Potvin, Félicien Rops, l'imprimeur fouriériste Henri Samuel, l'historien Henne, féru du XVIe siècle, les éditeurs Albert Lacroix et Hippolyte Verboeckhoven qui publieront la Légende, les artistes Artan ou Dillens, qui l'illustreront. Enfin, lorsque l'enterrement civil de Théodore Verhaegen déclenche des polémiques qui conduisent à la fondation de la Libre Pensée, De Coster y adhère dès 1863. Joli faisceau dont tous les rayons semblent converger vers la même idéologie, même si Université libre de Bruxelles, Libre Pensée et Franc-Maçonnerie ne sont pas exactement superposables, puisque, par exemple, Henri Samuel, maçon, n'a pas de rapports avec l'U.L.B. ou qu'Eugène Van Bemmel, professeur à l'U.L.B. et membre de la Libre Pensée, n'est pas maçon(16).
   Il semblerait donc logique de conclure que la Légende d'Ulenspiegel est directement issue de ces milieux dont elle reflète en effet les convictions et que, produit de l'engagement maçonnique de l'écrivain, elle contient nombre de signes révélant son appartenance et ses intentions. C'est ce que fait sans hésiter un commentateur :

La maçonnerie […] marque l'oeuvre majeure de Charles De Coster en lui offrant un sujet, un éditeur, des graveurs, des thèmes, un mouvement de pensée. […] 1858 est le grand tournant de la vie de De Coster : il y a la rupture de longues fiançailles avec Elisa; initié, il perd l'amour d'une femme, et gagne la fraternité des hommes et met en oeuvre son projet. [… ] S'il est vrai que l'aventure de la Légende et de son style naît en cette année, on peut croire que l'initiation a dû le toucher profondément. Lui qui avait jusque-là une production littéraire plutôt morne, dès qu'il a vu la Lumière, il sent éclore jusqu'à son plein épanouissement son oeuvre réputée la plus originale, — comme si le milieu qui cultive la Force, la Sagesse et la Beauté avait libéré son génie. [De Coster qui] s'est forgé une langue, dans le travail d'un manuscrit de mille pages, a taillé sa pierre, et, en élaborant son livre comme un morceau d'architecture, […] il a réalisé un chef-d'oeuvre de Maître(17).

Observons d'abord que l'utilisation, par le critique, d'un certain vocabulaire ne rend pas l'oeuvre plus maçonnique: Dante aussi a construit son poème et réalisé un chef-d'oeuvre de Maître et n'était pas maçon. En deuxième lieu, il est peut-être un peu rapide d'imaginer De Coster tombant des bras d'Elisa dans le giron accueillant et fraternel de la Maçonnerie et surtout de déceler un lien aussi évident entre l'initiation et l'épanouissement de son génie. Est-il bien exact enfin que la Légende et son style naissent l'année de son entrée en Loge?
   Veillons d'abord à ne pas brouiller la chronologie : les principes de De Coster ne sont pas ce qu'ils sont parce qu'il est devenu maçon, mais il est devenu maçon parce que ses principes étaient ce qu'ils étaient. Pour les thèmes de l'oeuvre, c'est en effet un truisme de faire remarquer qu'ils sont présents, non seulement dans ses articles politiques, mais déjà dans les Légendes flamandes, annoncées dans l'Uylenspiegel dès février 1857 et en effet achevées dans les premiers mois de cette année, et surtout dans Smetse Smee, dont la composition remonte à l'été, au plus tard à l'automne 1856(18). Quant à la conception de la Légende, elle ne date pas de l'illumination maçonnique de 1858, mais du temps même des Légendes flamandes, lorsque De Coster commence à utiliser les récits populaires, tandis que le personnage lui-même donne son titre, dès février 1856, à la revue Uylenspiegel. Lorsqu'un extrait de Thyl Ulenspiegel — "Comment Uylenspiegel fut peintre" — paraît dans cette même revue en février 1859, un commentaire de Karl Stur précise que De Coster s'occupe «depuis plusieurs années à reconstituer cette légende». Enfin, Joseph Hanse a montré que l'inspiration de l'écrivain remonte au moins à son commentaire, le 13 juillet 1856, d'un tableau de son ami Adolphe Dillens intitulé Femmes espagnoles, dont De Coster parle alors à sa fiancée(19). On en conclura que si la Légende véhicule en effet des principes en accord avec l'idéologie maçonnique(20), ce n'est pas à la fulgurante initiation qu'elle le doit. S'il n'est évidemment pas exclu que l'oeuvre ait pu, au fil des années — elle ne paraîtra qu'à la fin de 1867 — se nourrir des débats tenus en Loge, du moins n'est-elle pas issue de l'entrée en Maçonnerie de son auteur.
   Dernière question : au fil de sa longue maturation et au contact des Loges, l'oeuvre s'est-elle chargée d'un symbolisme, évident ou discret, censé la révéler pour maçonnique, du moins aux yeux des initiés? C'est ici que l'ingéniosité des partisans d'une lecture maçonnique de la Légende s'est donnée libre cours.
   Bien entendu — est-il nécessaire de le rappeler? — certains textes se veulent ouvertement maçonniques. C'est le cas de La Flûte enchantée, dont on sait, pour ne citer qu'eux, que les deux derniers vers contiennent expressément les termes Force, Sagesse et Beauté. C'est encore le cas de Ernst und Falk ou de L'Éducation du genre humain chez Lessing ou du Wilhelm Meister de Goethe(21). Rien de semblable chez De Coster : dans la Légende, les symboles les plus communs, empruntés à l'art de bâtir — l'équerre et le compas, le maillet et le ciseau, le fil à plomb et le niveau, la règle et le levier ou la truelle —, sont absents. Rien de plus naturel, pour deux raisons. En premier lieu, De Coster ne souhaitait pas faire de sa Légende l'expression d'une société quelconque, si noble fût-elle, ni la transformer, pour les profanes, en un jeu de devinettes; en second lieu, l'écrivain qui se hâte de publier à la fin de décembre 1867 afin de se trouver sur les rangs pour l'obtention du très officiel et gouvernemental Prix quinquennal ne se souciait pas non plus de révéler publiquement sa qualité de Maçon.
   Rien, donc, d'absolument évident. Parlera-t-on, de manière plus générale, d'un symbolisme discret, appelant la double lecture? Peut-être, mais à condition de conserver une salutaire distance critique. Relativement jeune, la Maçonnerie a intégré des thèmes et des rites d'origines très diverses — égyptiens, antiques, rosicruciens, alchimiques — et il peut être abusif de lui rapporter exclusivement des symboles parfois millénaires et devenus universels. Défiance donc à l'égard des lectures subtiles, perverties par leur ingéniosité même. Certes, Roland Barthes soutenait que le texte ne peut protester contre le sens que lui attribue le critique, mais cette démarche aboutit trop souvent à lui faire subir le traitement appliqué aux victimes de Procuste. Passons donc en revue, au risque de quelque monotonie, les principales allusions maçonniques retenues(22).
   Ce sont d'abord divers détails supposés susceptibles d'une interprétation ésotérique mais, on s'en aperçoit bientôt, peu convaincants. Retiendra-t-on l'évocation des agapes maçonniques, conçues comme acte de communion? Tout repas en commun, par nature convivial, rapproche ceux qu'il rassemble et l'on conviendra que les truculentes ripailles de la Légendes, images de la joie de vivre flamande opposée à l'ascétisme espagnol, n'ont pas grand-chose de commun avec les banquets rituéliques. Trouvaille: Thyl apprend d'un maître maçon à tailler le bois et la pierre. On serait plus assuré d'un sous-entendu maçonnique si Thyl n'était aussi boulanger, danseur de corde, tailleur, vendeur de poudre prophétique, médecin, forgeron… Ce n'est pas le portrait de l'apprenti maçon, mais celui du mozo de muchos amos du roman picaresque, le personnage populaire, propre à tout, l'«outil universel» que sont aussi Gil Blas ou Figaro. Plus significatif peut-être: Thyl, envoyé en mission, s'entend dire : «Tu iras à Dendermonde frapper à la porte de la maison, deux fois fort et une fois doucement» (II, 20). Voilà qui ressemblerait en effet à la batterie d'acclamation si, depuis le mélodrame, tous les conspirateurs en manteau couleur de muraille n'adoptaient au heurtoir le même comportement. D'autres prétendues allusions sont regrettablement coupées de leur contexte. Ainsi de ces deux phrases : «L'hôte fit en sifflant le geste d'un homme en égorgeant un autre» (III, 22) — «L'hôte, sifflant, imita le passage d'un couteau dans les chairs du cou» (III, 29). Pour un commentateur, «ces gestes s'apparentent au signe d'ordre au grade d'apprenti, dit encore signe guttural». Peut-être, mais alors de très loin, puisqu'il s'agit, dans le contexte, de trancher proprement la gorge des ennemis, pratique peu courante en Maçonnerie.
   Autre détail. Après la mort de Claes, la veuve renferme ses cendres dans un sachet de soie noire et rouge et incite son fils à la vengeance. Or, nous dit-on, «dans les Hauts Grades une initiation rituélique tournant autour de ce thème confère un ruban noir et rouge». Outre qu'il n'est pas certain que De Coster ait été informé de ce rituel, on verra aussi dans le rouge et le noir le rappel très classique de la mort et du sang. Quand Thyl, sur le point d'être pendu, défie Charles-Quint de baiser la bouche par laquelle il ne parle pas flamand, on nous convie à penser qu'«il y a dans cette dédramatisation, quelque chose du rire désarmant des Frères qui ont à coeur de ramener les choses à leurs justes proportions(23)», interprétation au moins inattendue. Autre chose encore : l'amitié de Thyl et de Lamme doit-elle être comprise comme «l'expression idéale par De Coster de la fraternité maçonnique»? C'est oublier, dans ce qui est, non un roman, mais une épopée, le thème traditionnel du compagnonnage héroïque, le lien n'étant pas non plus sans rappeler celui qui unit Don Quichotte et Sancho Pança chez Cervantès — qui n'était pas maçon. La lecture maçonnique à tout prix conduit parfois à l'erreur historique. Au cinquième livre, les esprits chantent à Thyl : «Quand le Septentrion / Baisera le Couchant / Ce sera la fin de ruines : / Trouve les Sept / Et la ceinture» (V, 9). Et ils disent encore : «Ceinture c'est bonne amitié, c'est belle alliance.» De là à déduire que la ceinture fait allusion à la chaîne d'union et renvoie symboliquement à «la fraternité universelle», il n'y avait évidemment qu'un pas. Or De Coster fait allusion ici, comme dans ses articles politiques, à la nécessaire union de la Hollande et de la Belgique en face du péril annexionniste français(24).
   Au-delà de ces détails, dont aucun ne s'impose comme nécessairement maçonnique, trouvera-t-on davantage dans les thèmes? Passons sur l'antidespotisme et l'anticléricalisme, trop banals pour être retenus comme significatifs, et même sur les appels à la «libre conscience», dont on ne parlait pas que dans les Loges. Plus intéressantes, les pérégrinations de Thyl à travers l'Europe et jusqu'à Rome. Voyage initiatique, apprentissage de la liberté? Ce n'est pas exclu, mais c'est surtout la traditionnelle errance du picaro exerçant tous les métiers, que Thyl accomplit du reste en pénitent peu contrit et peu soucieux de se corriger, puisque ces voyages supposés initiatiques ont lieu avant la mort de Claes, qui provoque — elle et non le voyage — la transformation du personnage populaire en héros justicier.
   Certains symboles sont à vrai dire plus complexes et méritent peut-être davantage l'attention. C'est d'abord, bien sûr, la fameuse quête des Sept et la finale transmutation des valeurs au terme du juste combat: «Quand les Sept transformés régneront, […] ce sera le bonheur du monde». Nul doute que la Maçonnerie ne puisse souscrire à ce voeu, même s'il n'est pas spécifiquement maçonnique. On aura reconnu la romantique exaltation du progrès de l'humanité visible aussi dans le Plein ciel de Victor Hugo — qui n'était pas maçon et même avait refusé de le devenir. Ce thème généreux et optimiste, il parcourait le Prométhée de Shelley, qui montrait la victoire conquise par l'amour contre les puissances mauvaises. L'année même où paraît la Légende, il innerve Les Quatre incarnations du Christ d'André Van Hasselt — qui n'était pas maçon. De Coster prend sa place dans ces épopées de la rédemption et du progrès
   Verra-t-on dans la Légende une transposition du mythe d'Hiram? Comme on sait, l'architecte du Temple a été assassiné par trois compagnons indignes avides de connaître le mot de passe des maîtres. Le Temple est donc demeuré inachevé et depuis, les Maçons cherchent la parole du Maître, la parole perdue qui représente le secret maçonnique dont la découverte, au terme du processus initiatique, permettra la résurrection symbolique du l'architecte assassiné. Or il y a bien, dans Thyl Ulenspiegel, une double résurrection. Lorsque papistes et bigots s'apprêtent à célébrer la mort du Gueux, Ulenspiegel, d'un bond, échappe à sa tombe : «Est-ce qu'on enterre, dit-il, Ulenspiegel, l'esprit, Nele, le coeur de la mère Flandre? Elle aussi peut dormir, mais mourir, non!» Il faut beaucoup de bonne volonté pour penser qu'Ulenspiegel «ressuscite à la manière d'Hiram» et que «morts à la vie profane, [Thyl et Nele] renaissent à la vie nouvelle, la vie sacrée de l'initié […] dans une vulgarisation extrêmement puissante des conceptions maçonniques(25).» Ce qui renaît, ce ne sont pas des initiés à la vie maçonnique, mais la Flandre éternelle et éternellement rebelle à l'oppression, dont la sorcière Katheline a dit en effet dès le début que Thyl était son esprit et Nele son coeur. Ne l'oublions pas, Lemonnier saluait l'oeuvre de De Coster comme le livre patrial par excellence.
   Certains évoquent aussi l'éloge du Diable, non pas puissance mauvaise, mais symbole du progrès: il est Lucifer, le porte-lumière. Il est vrai que De Coster a fait souvent l'éloge du grand réprouvé. Le 23 juin 1861, dans l'Uylenspiegel, il s'écrie : «Le diable c'est le peuple, le progrès, la lumière, la science. Vive le diable! […] C'est qui lui créa l'industrie et la philosophie modernes, c'est lui qui souffla sur le monde le libre examen, ce ver rongeur de toutes les religions(26).» En 1866, rendant compte du Lucifer d'Emmanuel Hiel, il parle de «la splendide figure de Lucifer, nommé l'esprit du mal parce qu'il ne se soumit pas en aveugle, Lucifer qui représente si bien la résistance odieuse aux despotes, Lucifer, l'ange découronné, l'éternel Vaincu, l'infatigable lutteur debout et fier malgré ses blessures, et qui doit finir par triompher du mensonge et de l'hypocrisie(27).» Le même rôle positif, la même fonction libératrice sont attribués dans la Légende à Lucifer — «nu et beau… le roi Printemps» (I, 85) — devant qui comparaissent, au coeur d'un songe extatique, les deux héros. D'où cette conclusion : «Bref, il est clair que Thyl et Nele ont reçu la lumière!(28).» Tout doux! Sans remonter à Milton, on connaît depuis le romantisme la valorisation positive du vieux Satan, chez Byron, Musset, Vigny, Balzac, Baudelaire et plus tard Hugo. Et George Sand, l'un des auteurs favoris de De Coster, disait dans Consuelo : «Satan n'était pas l'ennemi du genre humain, mais au contraire son protecteur et son patron.» Quant à la réconciliation finale de Satan et du Christ, l'un et l'autre auxiliaires de l'humanité, elle aussi fait partie des thèmes favoris du titanisme romantique.
   Parlera-t-on enfin du thème solaire? Il apparaît dès le début, puisque Claes consacre son fils, non à Dieu, mais à «Monseigneur du Soleil» en souhaitant que Thyl soit «sincère comme il est clair, et bon comme il est chaud». Une fois de plus, fils de la lumière? Sans doute, mais l'opposition de la lumière et des ténèbres, du soleil et de la nuit, de l'alouette et de la chouette est vieille comme les mythologies et n'a rien de spécifiquement maçonnique. C'est bien plutôt l'expression de la foi de De Coster en un panthéisme où l'âme vibre à l'unisson de la nature et qui se retrouverait chez Lemonnier, Van Lerberghe ou Verhaeren.
   On pourrait poursuivre, sans grand profit. Observons cependant que Charles Potvin, ami de De Coster et Maçon, qui rend compte de la Légende, ne fait pas la moindre allusion à son éventuel contenu ésotérique. Parlera-t-on de nécessaire discrétion? Soit, mais est-ce cette discrétion qui devait lui faire juger insupportables de longueur et de bavardage le sabbat des Esprits du Printemps, les tirades sur Lucifer ou l'allégorie des Sept et déclarer : «On pourrait en retrancher toute cette partie sans que le lecteur y soupçonnât la moindre amputation.» Surprenante chirurgie si Potvin y avait soupçonné des allusions chères aux Frères. Le même Maçon tombe à bras raccourcis sur les «obscénités» du livre pour lesquelles il demande encore «de grands coups de cognée(29)». Quand il y revient, une douzaine d'années plus tard, dans Cinquante ans de liberté, il ne subodore ou ne sous-entend pas davantage le symbolisme de l'oeuvre. «C'est, dit-il, une sorte de poème réaliste en prose où [De Coster] fait revivre une époque en artiste.» Quant aux éléments qui auraient pu paraître décisifs sur le plan maçonnique, il les condamne de nouveau : «Le dénouement ressemble aux bouches du Rhin qui se perd dans les sables», «la fin de l'oeuvre s'éparpille». Pour l'énigme des Sept, tout au plus était-elle «vraisemblable dans une époque où l'on croyait aux sortilèges(30)». À ma connaissance, la première allusion à un contenu proprement maçonnique n'apparaît qu'en 1894 et sous la plume d'un critique catholique, Eugène Gilbert, qui tient la Légende pour le produit de l'idéal des Loges et infectée par «le préjugé libre penseur et une philosophie sectaire(31)».

Doit-on conclure comme concluait naguère John Bartier? «La Légende d'Ulenspiegel, disait-il, écrite par un franc-maçon, documentée par des maçons, éditée et illustrée par des maçons, porte sur l'idéal qui animait les Loges belges au milieu du XIXe siècle, un témoignage comparable à celui que nous fournrit La Flûte enchantée sur l'esprit qui exaltait les ateliers autrichiens au temps des Lumières(32).» Avec, peut-être, quelques restrictions. On ne saurait le nier, la Légende véhicule des thèmes et des idéaux auxquels devaient sans hésitation souscrire les ateliers : liberté, tolérance, fraternité, confiance dans le progrès, volonté d'émancipation sociale, liberté de conscience… On se bornera à observer qu'ils ne sont pas propres à la Maçonnerie et surtout, les dates s'y opposant, que l'oeuvre n'est pas le produit de l'entrée de son auteur chez les Fils de la Veuve. Peut-être convient-il enfin de penser que le parallèle avec La Flûte enchantée porte à faux. L'opéra de Mozart est une profession de foi maçonnique destinée à être interprétée comme telle. On admettra sans peine que la Maçonnerie peut fournir la clé de l'esprit de la Légende, mais elle ne saurait être la clé du texte. Seule une analyse plus ingénieuse et fervente qu'objective y découvrira l'appel à une lecture ésotérique.


RÉFÉRENCES

   1. P. Delsemme, «Écrivains belges francs-maçons», dans Visages de la Franc-Maçonnerie belge du XVIIIe au XXe siècle, dir. scientifique H. Hasquin, Bruxelles, Éditions de l'Université, 1983, p. 310, Les Écrivains francs-maçons de Belgique, Bruxelles, Bibliothèques de l'Université libre de Bruxelles, 2004, p. 105. Lire ce texte de 2004 dans BON-A-TIRER : Charles De Coster (1827-1879).  [Retour]
   2. H. Pirenne, Histoire de Belgique des origines à nos jours, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1972-1976, 6 vol., t. VI, p. 88. [Retour]
   3. Sur les positions de De Coster journaliste, voir R. Trousson, «Charles De Coster journaliste. Politique sociale et anticléricalisme», dans Laïcité et classes sociales 1789-1945, en hommage à J. Bartier, sous la dir. de A. Miroir, Bruxelles, 1992, p. 31-4. [Retour]
   4. Voir J. Bartier, «Le Mouvement démocratique à l'Université libre de Bruxelles», dans Libéralisme et socialisme au XIXe siècle, études rassemblées par G. Cambier, Bruxelles, Éditions de l'Univesité, 1981, p. 46-7. [Retour]
   5. J. Bartier, «Charles De Coster et le jeune libéralisme», op.cit., p. 294-5. [Retour]
   6. Lettres à Elisa, texte établi, présenté et annoté par R. Trousson, Bruxelles, Labor, 1994, p. 82, 220. [Retour]
   7. M. Wilmotte, «Le Centenaire de Charles De Coster», Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, VI, 1927, p. 113; J. Hanse, Charles De Coster, 2e éd., Bruxelles, Palais des Académies, 1990, p. 220. C'est aussi l'opinion de G. Charlier (Charles De Coster. Pages choisies, Bruxelles, Office de publicité, 1942, p. 12). [Retour]
   8. J.-M. Horemans, «Charles De Coster probe et libre», La Pensée et les hommes, XXIV, juin 1980, p. 15; A. Nysenholc, «La Légende d'Ulenspiegel, chef-d'oeuvre maçonnique?», Problèmes d'histoire du christianisme, 10, 1981, p. 53. [Retour]
   9. Dans Histoire littéraire de la France, Paris, Éditions sociales, 1977, t. IX, p. 333. [Retour]
   10. Voir ces textes dans R. Trousson, Charles De Coster ou la vie est un songe, Bruxelles, Labor, 1990, p. 30-1. [Retour]
   11. J. Bartier, «Charles De Coster et la Maçonnerie», dans Laïcité et Franc-Maçonnerie, textes rassemblés par G. Cambier, Bruxelles, Editions de l'Université, 1981, p. 7-8. [Retour]
   12. Voir G. Braive, Histoire des Facultés universitaires Saint-Louis, des origines à 1918, Bruxelles, 1985. [Retour]
   13. Sur ces questions, voir P. Van den Dunge, «L'Université libre de Bruxelles au temps des Crocodiles», dans Rops-De Coster. Une jeunesse à l'Université libre de Bruxelles, Bruxelles, Cahiers du Gram, [1996], p. 61-91. [Retour]
   14. Voir O. Hennebert, Aperçu de l'histoire de la Loge des Vrais Amis de l'Union et du Progrès réunis à l'Orient de Bruxelles, Bruxelles, 1892 p. 5, 27, 36, 38, 40; R. Desmed, «L'Évolution du sentiment religieux chez les francs-maçons belges entre 1830 et 1914», Problèmes d'histoire du christianisme, 7, 1976-1977, p. 57-86. [Retour]
   15. Voir Un siècle de franc-maçonnerie dans nos régions 1740-1840, Bruxelles, CGER, 1983, pp. 193, 43, 54, 60. [Retour]
   16. J. Bartier, Charles De Coster et le jeune libéralisme, op. cit., p. 293. [Retour]
   17. A. Nysenholc, op. cit., p.55-7. [Retour]
   18. Voir les Lettres à Elisa, op. cit., p. 191. [Retour]
   19. Voir J. Hanse, op.cit., p. 130-2; Lettres à Elisa, p. 185. [Retour]
   20. C'est bien pourquoi De Coster, de 1865 à mai 1867, en a lu plusieurs chapitres dans son atelier et aux «Amis Philanthropes» où le Vénérable, Pierre Van Humbeek, a jugé que «le travail de rénovatipn du XVIe siècle a quelque analogie avec les luttes intellectuelles de notre époque» (cité par J. Bartier, Charles De Coster et la Franc-Maçonnerie, p. 12). [Retour]
   21. Encore convient-il d'être prudent. Si Rudyard Kipling était assurément un Maçon notoire, son fameux poème If, volontiers adopté par la Maçonnerie, est en réalité un code du comportement de l'homme d'honneur anglais de l'époque. [Retour]
   22. Elles proviennent essentiellement des études, déjà citées, de J.-M. Horemans et A. Nysenholc. [Retour]
   23. A. Nysenholc, op.cit., p. 60-1. [Retour]
   24. Le journaliste disait déjà à l'année 1860 qui avait vu un essai de rapprochement belgo-néerlandais : «Sois bénie [...] pour avoir resserré les liens d'union entre la Belgique et la Hollande.» Et en 1861 : «La séparation d'avec la Hollande [...] fut un malheur pour les deux pays.» Voir Charles De Coster journaliste, Bruxelles, Esseo, 1959, p. 53, 101. Cela ne fait nullement de De Coster un orangiste : il songe seulement à une alliance contre un péril commun. [Retour]
   25. A. Nysenholc, op.cit., p. 61, 73-4. [Retour]
   26. Charles De Coster journaliste, op. cit., p. 131-2. [Retour]
   27. Revue trimestrielle, LII, 1866, p. 310. [Retour]
   28. Ibid., p. 69. [Retour]
   29. Revue de Belgique, III, 1869, p. 306-12. Potvin reprend les mêmes observations dans «Quelques traductions d'oeuvres littéraires belges», Bulletin de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 2e série, XLV, 1878, p. 313. [Retour]
   30. Cinquante ans de liberté, Bruxelles, 1882, t. IV, pp. 200-201. [Retour]
   31. Revue générale, LIX, 1894, p. 377. [Retour]
   32. J. Bartier, Charles De Coster et la Franc-Maçonnerie, p. 12. [Retour]

 

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