Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.






 
GALICIE, 1879

Ce sont des cris d'enfants qui m'ont, cette fois pour de bon, tirée de mon sommeil.
   Ce devait être le printemps, avril peut-être : un soleil timide jouait sur mes carreaux, derrière lesquels se balançait un feuillage encore tendre.
   Et, si mes oreilles ne me trompaient pas, il y avait bien dehors des enfants qui jouaient.
   «Rends-la-moi! Rends-la-moi!» piaillait en allemand une voix suraiguë. Pour toute réponse, un rire moqueur s'éloignait en zigzags, et j'entendais comme un frou-frou de feuilles et de branches cassées.
   Qu'est-ce que c'était que ces enfants-là?
   Je mettais le nez à la fenêtre et je distinguais trois formes de tailles diverses qui se poursuivaient. Et, nom d'une pipe! comme les arbres du parc avaient encore grandi!
   La petite troupe s'était dispersée hors de mon champ de vision et, renonçant à en apprendre plus pour l'instant, je regardais autour de moi.
   Vingt-cinq ans n'avaient pas rendu les chaumières plus neuves ni plus belles. Au toit de la première, le trou à fumée s'était agrandi et un peu affaissé vers le dedans, si bien que le chaume semblait avoir été brouté par une énorme vache. L'église en bois était toujours debout, mais les intempéries en avaient encore délavé la teinte; et il me semblait que tout l'édifice s'était imperceptiblement mis de guingois.
   Mais, par exemple! où était donc passée la sucrerie? Je finissais par apercevoir, au travers d'un rideau de peupliers adultes et, ma foi, méconnaissables, ses trois cheminées fumantes; même si, à y mieux regarder, seules deux des trois fumaient. Quoi qu'il en soit, ma petite sœur n'avait donc pas filé.
   Maintenant les enfants revenaient vers moi, et j'y voyais plus clair. La grande fille qui marchait devant et remorquait sévèrement quelqu'un d'autre par l'oreille, c'était en fait une bonne, toute jeune, vêtue de noir, la taille bien prise dans un tablier à bavette blanche, le visage mutin sous un bonnet en dentelle tuyautée.
   «Ça suffit, Kazimierz! Laissez votre sœur tranquille, ou je me fâche vraiment. Et quand je me fâche vraiment, vous savez que je deviens très, très méchante!»
   Une dernière secousse à l'oreille fautive, et son propriétaire se trouvait propulsé à portée de mon regard. Kazimierz, donc. Pas de doute, ce Kazimierz-là était de la famille. Il ressemblait étonnamment au jeune Andrzej, avec quelques années de moins que celui-ci la dernière fois que je l'avais aperçu. Il lui ressemblait, en roux. Et il avait aussi, dans le bas du visage, quelque chose de Sonka.
   Reniflant encore, la plus jeune arrivait derrière, serrant contre elle, d'un air de sombre victoire, une poupée. Tiens! c'était notre bonne vieille Cordelia, justement. Je reconnaissais la robe à crinoline que madame Denisot lui avait confectionnée avec amour un jour de 1842. Mais les ans, depuis, lui avaient causé bien des outrages. Ses bras, qui avaient perdu presque tout leur son, étaient démesurément maigres et longs comme si elle avait entre-temps souffert de cachexie; et sur son visage de cire, le rouge des joues et le noir des sourcils s'étaient presque effacés.
   Mais la petite fille qui la portait semblait aveugle à ces défauts. Elle baisotait la perruque crêpée, berçait le long corps maigre, enfin jouissait superlativement de sa prise de guerre; et Kazimierz, en dessous, lui jetait des regards vindicatifs.
   La force n'a jamais établi de paix durable. Un instant après, ayant fini de se frotter l'oreille, le rouquin tirait d'un geste brusque sur la perruque de Cordelia et s'enfuyait avec en ricanant.
   «Mitzi! Mitzi! Rattrape-le!» hurlait la petite fille; et la bonne, avec un soupir qui soulevait les jolies rondeurs de son corsage, repartait à la poursuite du scalpeur de poupées.
   Mais à présent la croisée du salon vert s'ouvrait, et je voyais apparaître le visage puis le buste d'Henryka.
   «Voyons, Tessa, quel est ce vacarme?
   – Oh, grand-mère, Kazimierz me prend tous les jouets que j'ai trouvés là-haut! Et il les casse! Regarde ce qu'il a fait à ma nouvelle poupée!»
   Henryka, dans une robe en panne de soie dont la coupe me parut singulière, abaissa sur la poupée le regard scandalisé qui s'imposait, puis murmura avec un geste de la main :
   «C'est très vilain de sa part. Mais maintenant va les retrouver, ma chérie, je dois parler avec ton papa.»
   Henryka grand-mère! Et ces deux fléaux, les enfants d'Andrzej sans doute! C'était déconcertant. L'espace d'une minute, je ressentis l'affolement d'une vieille personne qui commence à n'avoir plus toute sa tête, mais en garde suffisamment pour s'en apercevoir.
   Voyons, tant de temps s'était donc écoulé? Quelle année étions-nous? Avais-je dormi plus que je ne pensais?
   Observant mieux madame Karlowiczowa, je me rassurais pourtant. Non, mon horloge interne ne m'avait pas trompée, nous n'étions pas beaucoup plus tard qu'en 1877 ou 1878, 1879 à la rigueur. J'avais sous les yeux une solide dame d'une cinquantaine d'années; et puisqu'elle-même avait conçu son fils en 1850, il fallait que ce dernier soit à son tour devenu père à un âge plus que tendre.
   Intéressant, ça. J'entrevoyais déjà tout un roman, une passion adolescente, peut-être, ou un enlèvement régularisé de justesse comme chez les Zemka de Turquie – bref, une petite histoire romantique à souhait qui m'aurait ramenée aux heures de ce siècle que je connaissais mieux. Mais en suivant Henryka à l'intérieur du salon vert, je dus déchanter. Le jeune homme – non : l'homme encore jeune qui était assis là n'avait jamais perdu la tête ni bouleversé deux familles pour épouser l'élue de son cœur. Il avait certainement écumé les champs de course, perdu beaucoup d'argent au macao, miré ses paupières déjà fripées dans les glaces des maisons closes dont il avait, si j'en croyais le pli blasé de sa lèvre, épuisé depuis longtemps les plaisirs blonds ou bruns. Mais je ne décelais en lui aucune trace d'autres passions; et le ton sur lequel lui parlait Henryka était celui d'une mère sûre d'être sans rivale.
   «… Je suggère donc, Andrzej, que tu restes encore ici une ou deux semaines avant de t'en aller. Tes enfants connaissent à peine ton grand-père et ma pauvre sœur, ils ne sont familiers ni de cette maison, ni de cette campagne…
   – Oh, mère, je ne le suis pas plus qu'eux.
   – Sottises, mon garçon. Tu y as passé presque tous tes étés avant que nous n'emménagions à Vienne.»
   Tiens donc? Il y en avait, du changement. La carrière d'Agenor, apparemment, avait pris son envol, et les Polonais de Galicie avaient renoncé à jouer les fils prodigues de l'empire, si je comprenais bien. Ce noceur un peu blet était donc un petit Viennois; et ce qui me déroutait tant dans l'élégance de sa mère n'était pas seulement l'avancée des modes, mais la griffe d'une maison de couture métropolitaine.
   «… Et puis, mon cher Andrzej, il ne serait pas mauvais que tu t'inities au fonctionnement de la fabrique, que tu en étudies les comptes et te fasses présenter le personnel. Il faut beaucoup de doigté, vois-tu, beaucoup de souplesse pour commander à ces gens. Ce sont des Ruthènes, et…
   – Je sais.»
   La sécheresse d'Andrzej m'incitait à penser que le petit esclandre causé par le fils Dorochenko ne lui avait pas laissé un bon souvenir. Il me semblait même voir sur son visage une fugitive expression de crainte et de répugnance qui me laissait penser que non, il n'avait pas apprécié ces étés ici, du moins depuis cette date. Si Henryka parvenait à le faire rester quinze jours, c'était décidément une maîtresse femme.
   Maintenant il l'écoutait avec maussaderie, et elle le couvait d'un regard qui m'en disait long. Ce garçon-là avait fait des siennes. On avait dû le tirer de quelque mauvais pas, dette de jeu, faux en écriture ou liaison compromettante, et en contrepartie exiger qu'il file doux à l'avenir. Peut-être ce mariage et cette paternité précoces étaient-ils la cellule de dégrisement où l'on s'était hâté de le fourrer avant qu'il ne tourne vraiment mal?
   «… N'oublie pas, mon garçon, que nous te destinons à la direction de la sucrerie. Et ces choses-là ne s'improvisent pas. Un jour, bientôt peut-être, ton grand-père n'y suffira plus. Il décline, tu as bien dû le constater toi-même. Et l'affaire, ai-je compris, décline également. Dans ton propre intérêt, je ne saurais trop t'encourager à aller voir ce qui ne va pas et à suggérer à ton grand-père quelques mesures de redressement. C'est un vieil homme, vois-tu…
   – Je le ferai, mère, comptez sur moi.
   – J'en étais sûre. Oh, je suis contente, bien contente, bien fière de mon garçon.»
   Un silence passait, contemplé avec ironie par le poignard d'Alep immuablement suspendu au mur, et par le tapis de Trébizonde qui faisait le dos rond. Pas de doute, nous avions là un pécheur repenti dont on avait pris en main la régénérescence. Et je notais en outre que le sourire satisfait d'Henryka s'emboîtait, aux deux coins de sa bouche, dans des rides déjà anciennes, comme un pied se glisse dans une pantoufle qu'un long usage a modelée à sa forme : je devinais qu'il y avait déjà des années que l'on comptait sur Andrzej, que l'on était fier d'Andrzej, bref qu'on le maintenait dans le droit chemin à la force du poignet.
   «Quel dommage, pourtant, que ta femme ne soit pas là! Elle nous aurait été d'un grand secours. Dans ce pays, un homme sans épouse n'inspire pas confiance; et puis pour tes enfants, pour leur installation, sa présence n'aurait pas été de trop.
   – Mère, vous savez bien que Gertrud supporte mal les voyages, et que…
   – Allons donc. En dix-huit mois, elle est allée à Salzbourg, à Karlsbad et sur le lac de Garde.
   – Pour sa santé, mère. Elle ne faisait en cela que suivre les conseils de notre médecin. Ces déplacements sont une épreuve pour ses nerfs et sa constitution, mais le bienfait sur place en est évident. Tandis qu'ici, avec l'humidité de ces pièces, l'air parfois malsain quand il n'y a pas de vent, les moustiques dès qu'il fait chaud…
   – Oui, oui, concédait Henryka du bout des lèvres. Enfin, n'exagérons rien. L'air d'ici n'est pas si malsain que ça, et la maison, Dieu nous garde, n'est pas plus humide qu'une autre. À t'entendre, on s'étonnerait presque que j'y aie survécu, moi et mes sœurs, pendant plus de vingt ans.»
   Une petite mélancolie passait sur son visage au souvenir des deux sœurs qu'elle avait entre-temps perdues, l'une de longue date, l'autre plus récemment; et son œil s'attarda sur un tableau que je ne connaissais pas encore, le portrait d'une bénédictine au regard placide, aux mains tranquillement serrées sur son chapelet – Jadwiga, qui de toute évidence avait goûté la paix du Seigneur bien avant de quitter ce bas monde.
   Andrzej, qui avait surpris ce regard, abaissa son front précocement dégarni sur la main de sa mère et murmura dans un sourire :
   «C'est vrai. Mais chacun sait que vous, maman, vous êtes en fer.»
   Flattée, Henryka sourit à son tour et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil.
   «Dieu merci, je n'ai pas à me plaindre de ma santé, en effet. Mais j'estime que ta femme aurait pu prendre sur elle, faire un petit effort. Car enfin me voilà obligée de m'occuper de tes enfants et d'arranger leur séjour ici, en un moment où la situation à Vienne est très incertaine et où l'on ignore encore qui va succéder au prince Auersperg. Ton père n'émet pas encore de pronostic sur le futur cabinet, mais une chose est sûre : il compte bien tirer parti de l'occasion pour sortir d'un rôle injustement obscur, et recueillir enfin les fruits de son talent.»
   Du côté d'Andrzej, un silence hostile. J'entrevoyais la vieille rancœur d'un fils qui avait dû disputer à l'époux adulé les attentions de sa mère et n'y était parvenu qu'en se faisant fâcheusement remarquer; d'un fils qui, j'en aurais juré, n'avait pas trouvé chez son père la même indulgence, l'avait déçu, et le savait.
   «Enfin, n'y pensons plus», soupira Henryka en se levant. «Ma foi, je crois que je vais servir le thé, puisque Wioletta ne descend pas.»

Je les laissai et partis au hasard des pièces, notant ici et là un nouveau papier peint, une fente dans la porte d'un buffet. Le grand salon était fantomatique : tous les meubles y étaient recouverts de housses blanches, la propreté des vitres laissait à désirer, et la monumentale horloge à balancier ne devait pas avoir été remontée depuis des lustres, car ses poids étaient gris de poussière. À l'évidence, il ne s'était tenu ici ni bal, ni réception pendant mon long sommeil; et, depuis leurs cadres dorés, Kosciuszko et Bonaparte échangeaient des regards chargés d'un incommensurable ennui.
   Une planche craqua et je me retournai : enhardie par mon invisible présence, Mitzi venait d'entrer et se livrait à la même inspection que moi. Je lus, sur sa frimousse aux yeux sensuellement fendus : «Pas mal! Ça aurait de la gueule, si on se donnait la peine de faire un peu de ménage.»
   Elle pinça les deux bords de son tablier, fredonna les premières mesures du Beau Danube bleu et se mit à tournoyer sur elle-même, pendant que les fleurs en bois du parquet relevaient lentement la tête et se chuchotaient les unes aux autres : «Vous avez vu? Quelqu'un danse, les temps de disgrâce sont terminés!»
   Naïves. Déjà Nicolaïa passait la tête entre les battants de la porte, étonnée de les voir ouverts, apercevait la valseuse et toussait bruyamment pour la rappeler à l'ordre.
   «Eh bien, quoi?» jeta celle-ci par-dessus son épaule. Mais Nicolaïa restait impassible, un poing sur la hanche et l'œil impérieux, et l'intruse dut s'exécuter.

Ah, là, là, quelle boîte, ruminait Mitzi en grimpant l'escalier à la recherche des deux enfants qu'elle avait provisoirement abandonnés à leur sort. Oh! ça allait être gai. Pas un jeune homme à la ronde, et comme collègues, des vachères aux mains rouges qui baragouinaient l'allemand. Pour aller à Grynow il fallait se crotter une demi-heure dans un mauvais chemin de terre. Et leur Grynow, parlons-en! Une seule mercière, même pas une promenade ou un kiosque à musique, rien de curieux à voir à part leur gros Ratusz en briques et des tas de Juifs à caftan et à papillotes. Ah, zut!
   (Elle s'effaça devant Wioletta – pâle spectre en robe brune, aux yeux démesurés, qui la dépassa sans la voir, la bouche crispée d'appréhension comme chaque fois qu'elle recevait du monde.)
   Alors elle, la patronne, c'était encore autre chose. Madame Henryka n'était pas commode, mais celle-là, la sœur, elle lui tournait les sangs. Tout un été à la croiser dans cette grande baraque où les meubles craquaient la nuit, brr!… Sans parler de leur cuisine. Il fallait voir ce qu'on mangeait, à l'office. Ce matin, elle était descendue pour avoir son café et une petite douceur pour grignoter avec. Il y avait là le cocher devant une plâtrée de pommes de terre, avec des œufs hachés, des oignons frits et Dieu sait quoi encore. Des oignons frits à sept heures du matin! Ces Galiciens, alors!
   «Tessa, Kazimierz, où êtes-vous, mes chéris?»
   L'ennui avec cette maison, c'est qu'elle était pleine de portes qui se ressemblaient toutes. En deux jours, allez vous y retrouver. Où était donc la nursery? Elle tourna une poignée au hasard, poussa le nez à l'intérieur d'une pièce.
   «Hein! Qu'est-ce que c'est!» grogna le vieux Jozef qui somnolait devant un livre ouvert.
   «Excusez», gazouilla la bonne dans un polonais des plus approximatifs, mais avec un sourire qui aurait amolli le cœur d'un ataman. «Trompée… mauvaise porte…»
   «Trompée, trompée! Vous n'êtes pas dans un moulin ici. Qui êtes-vous, d'abord?
    – Mitzi, monsieur», dit la jeune fille avec une révérence, avant de repasser à sa langue maternelle et de retrouver sa faconde. «Vous m'avez déjà vue hier. Je suis la bonne de vos arrière-petits-enfants.»
    Jozef avait rajusté son lorgnon pour considérer attentivement celle qui se permettait de lui répondre dans une langue autre que la sienne.
   «Vous ne savez pas le polonais?
   – À peine, monsieur. Je suis de Brigittenau, moi, vous savez.
   – Eh bien, ma petite fille, il va falloir s'y mettre. Dans cette maison, on parle polonais. Dans toute cette province, on parle polonais. Nous avons assez souffert pour obtenir cela.
   – Bien sûr, monsieur. Mais…
   – Taisez-vous. Le polonais est la langue officielle de cette province depuis près de dix ans. Vous l'ignoriez, peut-être?
   – Non, monsieur. Mais je ne dois rester ici que trois mois, et…
   – Ta, ta, ta! Pas d'explications, pas de bavardage. Dans cette maison, on parle polonais», répéta-t-il. Puis il s'enfonça dans un silence méditatif pendant que ses favoris, maintenant blancs comme neige, s'agitaient nerveusement des deux côtés de sa bouche.
   Mitzi recula vers la porte sur la pointe des pieds.
   «Eh là, ne t'en va pas, marmonna le vieillard avec un petit sursaut. Viens, viens, avance un peu à la lumière. Comment m'as-tu dit que tu t'appelais?
   – Mitzi, monsieur», fit-elle avec une nouvelle révérence, pendant qu'il la détaillait d'un œil plus indulgent.
   «Un drôle de nom, ça, Mitzi; un drôle de nom, hein?
    Mon nom de baptême c'est Marie, monsieur, si vous préférez.
    – Marie, Maria, Marjasza… Non, va pour Mitzi, je vais m'y faire. On s'habitue à tout, n'est-ce pas, Mitzi?
   – Eh oui, monsieur», dit Mitzi avec un léger sourire qui fit remuer le bout de son nez.
   «Ah, ah! Je sens que tu es une coquine, Mitzi, une fameuse petite coquine de Brigittenau!
   – Pas du tout, monsieur, je suis la fille la plus sage du monde.
   – Friponne! triompha Jozef en lui pinçant la joue. Allez, cours à ton travail maintenant, et moi aussi il faut que je m'occupe. Nous en reparlerons.»

Elle sortit et, songeuse, referma la porte derrière elle. Décidément, ils avaient le sang chaud dans la famille. Elle avait déjà des bontés pour monsieur Andrzej et, occasionnellement, pour monsieur Agenor. Fallait-il encore qu'elle ait des bontés pour ce vieux cornichon, dont les favoris ressemblaient tant à ceux de l'empereur que ça en devenait comique?
   Bah, le vieux a raison, on s'habitue à tout, conclut-elle avec un haussement d'épaules amusé.
   Déjà, elle s'ennuyait moins.

 

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