Un long jardin en pente descendant vers le lac
L’herbe humide où l’on va pieds nus
Le ciel mat entre les hautes branches
Un ponton tout au bout
Comme un chemin qui commence et ne continue pas
Les planches encore tièdes de chaleurs passées
L’œil s’imprègne de calme
Gris
Une carpe
Potsdam au-dessus des arbres
Tout le vide des lieux qu’on va bientôt quitter
Un friselis noir sur l’eau vole comme le vent
Trois beaux canards s’en vont nageant
Pourquoi penser à L’Île des morts ?
Je ne vois aucune île
Toutes les eaux se ressemblent parfois
Trois garçons creusent la rive avec des pelles
Un barrage pour rire
Un barrage contre rien au milieu des roseaux
Une vague l’emporte et ils exultent
Deux sont mes fils et le troisième non
Un barrage contre le temps qui passe
Et rire et rire quand une vague l’emporte
Une goutte
J’avais dû m’endormir
On ne les entend plus
Le bois clair vibre sous ma nuque
Parce qu’à l’autre bout deux pieds discrets s’y sont posés
Je sais que vous êtes là
Pluie rieuse
Ils s’enfuient
Un pêcheur ne bouge pas
Certains lieux portent en eux un monde
À habiter
Un monde encore à faire
Un monde
De roman
Mais on ne le sait qu’ensuite
Des pelles sur la berge oubliées
Je remonte à pas lents.
Copyright © Diane Meur, 2012
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