Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.







Ces miracles sont extraits du livre, à paraître en mai 2012 : Agnès d’Harcourt, La Vie et les miracles de la Bienheureuse Isabelle de France, sœur de Saint Louis, Texte traduit en français moderne, présenté et annoté par J.-F. Kosta-Théfaine, Paris, Editions du Cerf.



 
CINQ MIRACLES ATTRIBUÉS À LA BIENHEUREUSE ISABLLE DE FRANCE, SŒUR DE SAINT-LOUIS
TRADUCTION EN FRANÇAIS MODERNE PAR JEAN-FRANÇOIS KOSTA-THÉFAINE

Agnès d’Harcourt, abbesse de l’abbaye de Longchamp, rédige, à la fin du XIIIe siècle, un récit consacré à la fondatrice de son abbaye : la Bienheureuse Isabelle de France, la sœur de Saint Louis. Ce texte, qui a été composé à la demande de Charles d’Anjou, roi de Sicile, vraisemblablement dans la perspective de la béatification d’Isabelle de France, offre les éléments les plus essentiels sur la vie et les miracles attribués à la Bienheureuse. Il est, en outre, un témoignage unique et de première importance consacré à la sœur de Saint Louis.

MIRACLE 13

Une autre de nos sœurs perdit complètement ses sens, cela était si violent que lorsqu’elle pouvait échapper à celles qui la gardaient, elle montait sur les bancs et sur les coffres, grimpait aux parois des murs pour attraper les araignées. Lorsqu’elle arrivait à les prendre, elle les mangeait. Elle rampait sous les tables à la recherche d’araignées et de fourmis. Elle en mangeait partout où elle pouvait en trouver. Elle mangeait bien d’autres ordures, que nous ne voulons pas nommer ici, à cause de la grande folie qui l’habitait. Madame, notre bénie mère, lui rendit visite alors très humblement, ayant une grande compassion à l’égard de cette sœur. Elle souffrit de cette maladie durant trois mois et demi après la mort de notre sainte dame. Une nuit, on la conduisit sur la tombe de la sainte où elle veilla toute la nuit. Les sœurs qui étaient en oraison, priaient madame afin qu’elle la sauve de cette maladie. Quand la nuit s’acheva, ses sens lui revinrent et, lorsque le jour se leva, elle avait recouvré ses facultés mentales. Elle ne retomba plus jamais malade. Les sœurs du couvent virent cela et en sont témoins.


MIRACLE 18

Sœur Marguerite de Guise avait une brindille dans l’un de ses yeux. Elle était dans une telle angoisse qu’elle ne pouvait ouvrir l’œil. Elle demanda à madame de l’aider. Elle mit alors sur son œil des vêtements de la bénie et sainte dame, et fut immédiatement guérie.


MIRACLE 25

Cette même sœur Marie de Tremblay surveillait sœur Désirée qui était malade, car sœur Marie de Tremblay avait été chargée de sa garde. La malade lui demanda d’aller chercher de l’eau de la fontaine. Mais sœur Marie lui répondit qu’elle était très effrayée, car il faisait trop nuit. Cependant, déterminée à accomplir le souhait de la malade, elle prit une chandelle ainsi qu’un pot et y alla. Elle croisa sur le chemin l’ennemi qui avait la forme d’un chien vert aux yeux rouges si étincelants, si grands et si gros qu’ils semblaient être ceux d’une vache. Elle eut une si grande peur qu’elle eut l’impression que tout son corps bougeait et qu’on lui tirait les cheveux. Il se dirigeait toujours vers elle et l’empêchait d’avancer, de sorte qu’elle ne put atteindre l’eau, et dut faire demi-tour. Sur le chemin du retour, elle se signa, le repoussa de son bras et dit :
     « Pater in manus tuas commendo spiritum meum » (« Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains », Luc 23, 46.).
     À ce moment là il partit, mais elle ne sut pas ce qu’il devint. Elle reprit alors son chemin pour aller à la fontaine. Lorsqu’elle y arriva, il se plaça entre elle et la fontaine. Il lui sauta sur les épaules et essaya de l’étrangler. Lorsqu’elle se retourna pour tenter de s’enfuir, elle se signa et dit :
     « Ah, ah, ma douce dame, défendez-moi de ce diable, car je suis votre fille, et je promets à Dieu et à notre Dame ainsi qu’à vous que je me confesserai et changerai ma vie ».
Lorsqu’elle voulut rentrer à la maison où se trouvait la malade, elle eut un malaise. Elle fut incapable de refermer la porte, et le pot qu’elle tenait dans sa main tomba et se cassa. La malade, qui ne pouvait bouger, entendit les cris de sœur Marie et lui dit : « Signez-vous, signez-vous ! »
Sœur Désirée pourrait témoigner de cela si elle était encore en vie. Sœur Jeanne de Louveciennes, qui garda longtemps la malade, ainsi que sœur Julienne témoignent que sœur Désirée leur parla à plusieurs reprises de cette chose durant sa vie.


MIRACLE 30

Le bréviaire de sœur Agnès de Paris tomba tout ouvert dans l’eau. Il était si mouillé — tant l’intérieur que l’extérieur —, qu’il ne sembla jamais avoir été possible d’en lire une seule lettre. On le porta par dévotion sur la tombe de notre sainte dame et on l’y laissa là environ trois heures. Il retrouva son état premier, beau et lisible comme il l’était avant de tomber dans l’eau.


MIRACLE 39

Philippe, le fondé de pouvoirs de notre abbaye, était atteint d’une si forte fièvre tierce que l’on pensait qu’il allait perdre ses sens. Il ne pouvait suer, peu importe ce qu’on lui faisait. Aussitôt qu’on le coucha sur l’oreiller que madame notre sainte mère avait eu sous sa tête, il sua immédiatement et fut complètement guéri.

Copyright © Jean-François Kosta-Théfaine, 2012
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