Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.






 
BRUNO OU LA GRANDE HÉRÉSIE précédé d'une PRÉSENTATION DE BRUNO SCHULZ
PAR ALAIN VAN CRUGTEN

Présentation de Bruno Schulz

Bruno Schulz est l'un des écrivains polonais majeurs du vingtième siècle. Une œuvre très peu abondante, deux recueils de récits, mais Les Boutiques de cannelle et Le Sanatorium au Croque-mort, sont devenus, en langue originale et en traduction, des «livres-cultes» pour les amateurs de littérature. À ce propos, on peut regretter que le public français n'ait à sa disposition qu'une traduction insatisfaisante, que les éditeurs republient sans vergogne depuis 35 ans. Insatisfaisante est un mot faible, si l'on considère que ces quelque 400 pages ont été confiées à cinq (!) traducteurs travaillant chacun pour soi, sans aucune coordination. Un exemple? Le titre du second ouvrage : ce Sanatorium au Croque-mort, hélas, ne veut rien dire et constitue même un contre-sens par rapport à l'original — Sanatorium pod klepsydra : en polonais, le mot «klepsydra» désigne à la fois la clepsydre, appareil à mesurer le temps, et un faire-part mortuaire. Mais passons. Même dans ces conditions, le lecteur francophone peut se rendre compte qu'il a affaire à un écrivain d'exception, créateur d'un monde particulier, ne ressemblant à aucun autre.
   Schulz est né en 1892 à Drohobycz, petite ville de l'Ukraine actuelle, non loin de la frontière polonaise. Pays au destin peu ordinaire : à la naissance de Schulz et jusqu'en 1918, c'était la Galicie, province orientale de l'empire austro-hongrois, mais auparavant ces vastes contrées avaient appartenu pendant des siècles à la République de Pologne. Elles redevinrent polonaises entre 1918 et 1939, avant d'être occupées par les Soviétiques, puis les Allemands et d'enfin être incluses dans l'URSS jusqu'à la fin de celle-ci. La famille Schulz était juive de langue polonaise, ce fut donc la langue d'écriture de Bruno et, du reste, toute son œuvre est née alors qu'il était citoyen polonais.
   Drohobycz joue un rôle capital chez Bruno Schulz : à part pour de très courts séjours à Varsovie ou à l'étranger, il ne quitta jamais sa ville provinciale et il y mena une vie sans histoire, et même carrément monotone, de professeur de dessin dans les lycées. Schulz est, en effet, un dessinateur exceptionnel, dont on peut admirer certaines œuvres dans un album intitulé Le Livre idolâtre (Denoël , 2004).
   L'extraordinaire — au sens propre, car cela dépasse de très loin l'ordinaire — dans son cas est qu'il a réussi à transcender cette existence presque entièrement faite d'insatisfaction et de frustrations, en transfigurant son entourage médiocre, parents, famille, connaissances et décor grisâtre de la ville de province. Il l'a métamorphosé en un monde enchanté, où le merveilleux coule de source. C'est qu'il a appelé lui-même «la mythification de la réalité».
   La réalité, comme toujours, finira par le rattraper : en novembre 1942, dans le ghetto de Drohobycz, avec pour prétexte une sordide affaire de rivalité entre officiers SS, Schulz est abattu en pleine rue.
   Ma longue fascination pour Bruno Schulz m'a enfin incité à m'enhardir jusqu'à écrire une pièce qui lui est consacrée. La chose n'est pas très aisée : ce sont trois aspects que je tente d'aborder ensemble dans Bruno ou La grande hérésie : sa vie, l'œuvre de l'écrivain et celle de l'artiste. Tenter de montrer comment il s'évade de l'ennui quotidien en réinventant le regard de l'enfance, comment il lutte pour la moindre miette de ce temps qu'il voudrait tout entier consacré à l'écriture et à l'art, comment cet introverti agoraphobe crée des espaces et des temps magiques, comment ce timide se dépeint rampant, adorateur et soumis, aux pieds de femmes magnifiques en des dessins d'une technique éblouissante… Et donner sa place à la figure du Père, centrale dans presque tous les récits, ce simple négociant en tissus devenu, sous la plume de son fils, inventeur fou, artiste et poète, prophète inspiré et même — ô hérésie! — concurrent du Créateur, Démiurge, engendreur de Matière et de Vie!

*
* *

Bruno ou La grande hérésie

Personnages

BRUNO : Bruno Schulz, écrivain, dessinateur et peintre polonais.
   Par moments, il met sur la tête un haut-de-forme démesuré, tel qu'on le voit dans ses dessins.

DEUX FEMMES et DEUX HOMMES : à la fois acteurs, danseurs et parfois mannequins, chacun joue plusieurs rôles, chaque rôle caractérisé par un vêtement ou accessoire. (On peut — et même on doit — voir que ce sont les mêmes acteurs qui se transforment.)

Seul Bruno n'est ni danseur ni mannequin. Il est le narrateur et commentateur. Il est «coincé», complexé, masochiste : maladroit et velléitaire dans ses mouvements, il est souvent courbé sous le poids d'une timidité exagérée.
   Les Quatre autres ont des mouvements libres, aériens, car, contrairement à Bruno, qui est terre à terre, ils sont magiques.

*

Le magasin de tissus du père de Schulz. De hauts rayonnages dans le fond et/ou sur les côtés, avec une échelle à roulettes, comme une échelle de bibliothèque, qui permet toutes sortes de déplacements et mouvements.
   À l'avant, sur le côté, un pupitre d'écolier où dessine et écrit Bruno Schulz.
   Dans le coin opposé, au fond, un bureau surélevé, très haut perché, celui d'où le Père surveille le magasin.
   Une longue table à mesurer les tissus.


DEUX FEMMES et DEUX HOMMES entrent sur la scène vide, d'un pas qui a, à la fois, quelque chose d'automatique et de dansant. Ils traversent la scène puis sortent tour à tour. À la sortie du deuxième rentre le premier portant un mannequin de couturière. La sortie et rentrée se répète ainsi jusqu'à ce qu'ils soient quatre en scène avec chacun un mannequin.

Une musique d'orgue de barbarie s'élève. Les Quatre effectuent une danse avec leurs mannequins sur le rythme de cette musique désuète.
   Ils tournent et sortent en tournant, emportant leurs mannequins.

*

LE PÈRE est assis à son pupitre surélevé. Il feuillette et griffonne dans des livres de comptes d'une taille démesurée. Il est habillé à l'ancienne et porte la kippa. Il a un air mécontent et énervé, dont on s'apercevra bientôt qu'il est fréquent chez lui. Sa voix oscille entre l'engueulade et la lamentation.
   Son jeune fils, BRUNO, est assis de l'autre côté, à l'avant-scène et plus bas que lui, à son pupitre d'écolier. Il dessine d'un air concentré; il est seul, il n'entend rien.


LE PÈREBruno! Bruno! Zrób coś nareszcie! Fais quelque chose, nom d'un chien! Tu n'as rien de plus intéressant à faire? Dessiner à longueur de journée? Pendant que je me casse la tête et m'abîme les yeux sur des comptes et des factures. Et que je répare les bêtises de mes imbéciles de commis pour des clients qui, de toute façon, ne sont jamais contents… Oj, oj! Au lieu de m'aider un peu. Non, monsieur dessine. Le petit monsieur dessine… Tu as bien de la chance que je te laisse faire… Et qu'en plus je te donne tous mes vieux papiers pour que tu gribouilles… Ach, tu es mon désespoir! Tu ne feras jamais un bon commerçant. Regarde ton grand frère, il a déjà monté sa propre affaire. À 24 ans. C'est le pétrole qui l'intéresse, ça ne vaut pas le négoce de tissus, mais c'est quand même quelque chose… Le pétrole! Il paraît que c'est l'avenir!! Depuis qu'on a trouvé du pétrole près de Drohobycz, tous les jeunes ne rêvent que de ça. Ils sont en train de nous transformer en ville américaine. C'est le Texas ici, ou quoi?! … Il va faire une carrière, ton frère, ça c'est sûr… Mais mon magasin, qui c'est qui va le reprendre quand je ne serai plus là, hein? Mes commis sont des idiots et mon jeune fils, oj, oj, il ne songe qu'à dessiner. Dessiner des gens bizarres et des insectes! Et inventer des histoires à dormir debout. Ne dis pas le contraire! Je t'ai entendu parler tout seul la nuit. C'est pas une honte, ça? Inventer que moi, ton propre père, je me mets à voler comme un oiseau entre les rayons de tissus et les étagères! Que je me cogne au plafond et que je m'envole par la fenêtre. Tu es fou, oui! Tu as l'esprit malsain!... Et tu crois que je ne te vois pas quand tu reluques Adèle, la servante? Tu serais un petit vicieux, par-dessus le marché?!

BRUNO (souriant, voix douce, hésitante) – Mes débuts en dessin se perdent dans une brume… mythologique. Je gribouillais déjà quand je ne savais pas encore parler! … Sait-on vraiment comment certaines images pleines de sens s'imposent dans l'enfance? … J'avais huit ans : ma mère me lisait un poème, un poème allemand!... Une image … décisive… s'est formée en moi : un enfant hagard, porté par son père dans les espaces immenses et terrifiants de la nuit… (silence, pensif)

Le Père descend de son bureau, aide Bruno à se lever. Deux femmes et un homme entrent.

Le Père prend Bruno, amorphe, sur son dos. Il le porte péniblement. Divers déplacements, ils arpentent la scène.

Les trois autres énoncent des bouts de poème :


«– Wer reitet so spät durch Nacht und Wind?
   – Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent?
   – C'est le père avec son enfant.
   – Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage d'effroi?
   – Mon père, mon père, il me saisit…
   – Le Roi des Aulnes me fait mal!…
   – Le père frissonne d'horreur…
   – Il chevauche plus vite et plus fort…
   – Il parvient à sa ferme à grand effort…
   – Dans ses bras l'enfant était mort.»

Le Père laisse tomber Bruno. Il remonte s'asseoir à son bureau. Les trois autres sortent. Bruno reste au sol un long moment, puis regagne son bureau.

*

Un COMMIS de magasin entre en dansant, portant un mannequin. Il le pose non loin du Père, ressort, en rapporte un autre. Il fait ainsi avec les quatre mannequins. (Le Commis sera toujours vêtu d'un cache-poussière.)

Entre les entrées et sorties du Commis apparaît plusieurs fois la servante ADÈLE, portant avec élégance un petit tablier blanc, tenant un balai, puis un plumeau, puis une tapette à tapis.

La scène s'obscurcit, avec des rayons de lumière où volent les poussières, comme filtrant à travers fenêtres et rideaux; un carré de lumière au sol.

Adèle danse en faisant le ménage. En fait, elle ne fait que semblant de travailler avec zèle, elle est très préoccupée d'elle-même («se sachant peu surveillée, elle passait son temps en d'interminables coquetteries»). Elle éparpille ses objets de toilette, brosses à cheveux, peignes, colliers, souliers. Des souliers que, plus tard, quand elle sera sortie, Bruno ira ramasser avec dévotion, serrera contre son cœur, caressera et embrassera etc., esquissant même un pas de valse avec eux.

Apparaît aussi en dansant LA MÈRE; elle peut aider le Commis à disposer les mannequins et divers tissus dans le magasin.

Le Père descend de son bureau après avoir éparpillé, avec nonchalance, des feuilles, un registre etc.

Bruno est en position d'observateur.

La Mère et le Commis poursuivent le Père avec des feuilles, des registres qu'ils ont ramassés. Il les écarte du bras, soit distrait, soit avec des gestes d'impatience.


LA MÈRE – Jakub! Jakub!

LE COMMIS – Monsieur Schulz! Monsieur Schulz!

LE PÈRE — Laissez-moi.

LE COMMIS – Monsieur Schulz, les factures!

LE PÈRE – Laissez-moi.

LA MÈRE – Jakub, les impayés!

LE PÈRE (énervé) – Mais laissez-moi! Dajcie mi spokój!

Le manège se poursuit. Dans un coin, on voit réapparaître Adèle, un long balai à la main. Elle reste d'abord à l'écart de la scène.

BRUNO — Mon père se détachait de plus en plus de la vie pratique, du magasin, des affaires.

La Mère et le Commis reviennent à la charge. Le Père interrompt leur mouvement d'un geste large, porte son doigt à la bouche pour imposer le silence. Il court vers un coin de la scène, colle l'oreille au plancher, tout en levant le bras, l'index tendu pour intimer aux autres de ne pas l'approcher ni lui parler.
   Puis il se précipite vers l'échelle, monte tout en haut dans les rayonnages, s'affaire, semble y bricoler diverses choses, dans une sorte de désordre mental. Il manque plusieurs fois de perdre l'équilibre, au grand effroi des deux autres sous lui.


BRUNO – Ma mère n'avait plus sur lui aucune influence. En revanche, Adèle! Ah, Adèle…

Adèle est à présent au centre. Elle manipule le balai en une danse lente et voluptueuse.
   Adèle vient balayer aux pieds du Commis, qui veut faire le joli cœur, mais elle le chasse de scène en quelques coups de balai bien appuyés. La Mère sort aussi.
Le Père, juché sur l'échelle, a aperçu Adèle.


BRUNO – En revanche, il y avait Adèle!

Le Père redescend à toute vitesse et suit le travail d'Adèle avec une sorte d'attention maniaque. Adèle manipule divers instruments de ménage, balai, brosse, plumeau, tapette à tapis, le tout au plus grand ravissement du Père. Elle se déplace avec une grâce sexy. Le Père est ému jusqu'aux larmes, il est secoué d'un rire silencieux, d'un spasme quasiment sexuel. Le tout sous l'œil étonné de Bruno.

Puis Adèle, les doigts tendus en avant, fait mine de chatouiller le Père. Celui-ci fuit en panique dans tous les coins, poursuivi par Adèle, et il finit par s'écrouler à plat ventre sur la table avec un rire convulsif. Adèle, impériale et sensuelle, le domine de toute sa taille, sourire moqueur.

Bruno s'approche, Adèle le chasse à coups de balai, de tapette. Bruno réagit autrement que le Père, il se prosterne, se traîne aux pieds d'Adèle. Elle va s'asseoir, il rampe vers elle, s'approche comme pour saisir le pied de la jeune femme, mais elle le maintient cloué au sol avec son balai.

Ils s'immobilisent tous quelques instants, puis tous sortent, sauf Bruno.


BRUNO – On dit que mes dessins sont «masochistes». Il est vrai qu'on m'y voit souvent (il éclate de rire) rampant aux pieds d'une femme, en adoration devant la Puissance de la Femme. Masoch! C'est amusant, ça : c'est un compatriote, Sacher-Masoch. L'ancienne Pologne autrichienne : Lwów… ou Lemberg en allemand, pas bien loin de Drohobycz. Ici, c'était d'abord l'Ukraine, puis la Pologne, puis l'Autriche, et maintenant de nouveau la Pologne. Ce pays est bien compliqué!… En fait, il s'appelait Leopold von Sacher et il a ajouté le nom de sa mère : Masoch. Bizarre, non, qu'on ait tiré le mot «masochisme» du nom de la femme? Hasard? (il rit) Ç'aurait pu être « sachérisme »!
   Il a écrit ça, Sacher-Masoch : (il lit) «La femme, telle que la nature l'a faite, et telle qu'elle attire l'homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou son despote, mais jamais sa compagne. Cela, elle ne pourra l'être que lorsqu'elle sera son égale en droits, quand elle aura acquis cette égalité par l'éducation et le travail.»
   Compagne… J'aimerais avoir une compagne. J'ai cru l'avoir trouvée quelquefois. Juna : quatre ans de fiançailles, un projet de mariage avorté, une rupture… Elle pouvait pourtant être une compagne, je l'ai aidée à traduire Kafka.
   Oh! comme tout cela est compliqué. Peut-être que j'ai envie d'une compagne mais que je désire d'autres femmes, sensuelles, sexuelles, dominatrices? Envie, désir. Désir, envie. (il rit)
   Et en définitive me voilà seul, à quarante ans passés, avec ma sœur aînée et une vieille cousine, (il s'assombrit) que je dois nourrir avec mon pauvre salaire de prof de dessin.

UNE VOIX DE FEMME EN COULISSE – Bruno! Il n'y a plus de pain. Tu en rapportes en rentrant du travail?

BRUNO (voix lasse) – Oui, Hania, oui.

LA VOIX – Et puis aussi des légumes. Prends du chou, des oignons, des patates…

BRUNO – Bien, bien.

Il laisse tomber les bras avec découragement. Une musique s'élève, pas très forte, mais lancinante, répétitive.

Les Deux Femmes entrent et arpentent la scène avec désinvolture et élégance, elles ont des démarches de mannequins de mode : elles opèrent de constants changements de place et d'attitude.
   Bruno court de l'une à l'autre en balbutiant des paroles. Ce discours n'est pas toujours distinct. Son attitude, ses gestes, ses intonations doivent montrer qu'il est toujours dans le registre de la demande : demande d'aide, de sentiment maternel, demande sexuelle etc. Son ton est même parfois suppliant.
   Les Femmes répondent par des attitudes silencieuses, marquant souvent l'indifférence ou l'incompréhension, parfois une condescendance amicale.
   Bruno prononce des bouts de dialogue à sens unique, n'adressant jamais plus d'une seule phrase à la fois à la même femme.


BRUNO – Juna, veux-tu m'épouser?
   – Debora, tu sais que c'est pour toi que je l'ai écrit…
   – Madame Nalkowska, chère Zofia. Merci merci merci de m'avoir trouvé un éditeur.
   – Debora, les «Boutiques de cannelle», c'était pour toi, mon premier livre…
   – Zofia, je sais tout ce que je te dois… mais un peu d'amour…
   – Juna, tu sais bien que c'est toi que j'aime.
   – Debora… le mariage… on pourrait… non? Non.
   – Très chère Roma, j'ai cru que tu m'avais oublié…
   – Zofia, pourquoi cette rupture si rapide, je m'en veux…
   – Juna, c'est toi qui me rattaches à la vie, à la réalité…
   – Roma, comprends-moi, seul l'art me rattache à la vie…
   – Oui, Juna, je sais, il y a trois ans que nous sommes fiancés…
   – Oui, Zofia, tu seras toujours mon bon ange …
   – Ania, ta présence était pour moi un refuge…
   – Mais je suis juif, ma Juna, je n'ai pas droit à toi…
   – Debora, je n'ai pas le temps, je dois écrire, écrire!
   – Tu sais, Roma, je ne suis pas fait pour un travail honnête…
   – Ania, pourquoi dois-tu partir?
   – J'ai quitté la communauté juive pour toi, Juna, pour pouvoir épouser une chrétienne! Et maintenant…
   – Roma, une année en plus dans ce travail de professeur va me tuer, je veux écrire et dessiner…
   – Ania, j'adore tes métamorphoses, tu es la magicienne Circé mais je sais éviter tes charmes…
   – C'est vrai, Juna, nous ne vivons pas sur la même planète, plus rien n'est possible.
   – Ania, tu es un démon et tu veux en même temps être une sainte!
   – Roma, je suis malade, mais tu es aussi dépressive que moi…

Il tourne le dos aux femmes. Elles disparaissent en même temps que s'éteint la musique.

 

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