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RÊVE DE CASANOVA
Une nuit, au commencement de l'été, alors que je dormais à deux pas de la rue de Tournon où séjourna Giacomo Casanova, je fis un rêve. Je me voyais écrire, non pas sur une feuille de papier ou l'écran d'un ordinateur, mais sur mon visage. Avec un crayon noir pour les yeux, un crayon rouge pour les lèvres, je dessinais des phrases.
Sous l'il droit, de la tempe vers l'arrête du nez, couvrant progressivement une joue, puis l'autre, des mots surgissaient, que j'entourais de rouge ou de noir comme les cartouches des pharaons au cur des hiéroglyphes. Naissaient du même geste, indissociables, le manuscrit et le maquillage, le texte et le fard. Main qui écrit, visage devenu texte. Du bord du front jusqu'à la courbe des lèvres, je portais un masque vénitien, une dentelle de mots.
Écrire, séduire; survivre.
L'Amour fit de nous ce qu'il voulut.
Copyright © Lydia Flem, 2010
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