Bon-a-tirer est une revue littéraire diffusant en ligne, en version intégrale des textes courts originaux et inédits écrits spécialement pour le Web par des écrivains actuels principalement de langue française.






 
TERRE NOIRE. 1998

L'avenir concret des Comoriens? Demain matin au lever du soleil. Mais voilà, demain c'est loin. Seule l'heure racontée dans l'éphémère les occupe et les concerne.
   J'entre spontanément dans leur rythme, je vis avec eux dans l'instant sans cesse questionné, même si la crainte de ma propre bêtise m'accompagne comme une ombre.
   Le passé des Comoriens, leur histoire commune, semble rongés par la musique d'un désespoir si ancien et si collectif, qu'aucune parole ne trouve l'expression d'un soulagement.
   Passé dépassé, morcelé.
   J'écoute une mémoire qui tourne au ralenti avant de reconquérir une histoire confisquée.

*

Un voyage se vivrait-il comme une aventure amoureuse? Dans le passage ou le tremblement, dans l'éblouissement ou la peur de chaque instant parce qu'on en pressent la fin avant de l'avoir commencé(e). Mais le désir de s'y brûler s'impose, loin de la prudence éduquée. On frôle des zones dangereuses d'une recherche infinie, dans le manque, déjà, de ce qui se profile dans l'inconnu désirable du futur.

On fait comme les vagues de l'Océan, on trouve une brèche pour aller là où on est le moins attendu. Avec entêtement.

Un voyage comme un chemin qui annonce un accompagnement. Moment d'une illumination proche à laquelle on prête son innocence (ou sa pureté) et sa fièvre. Pour tenter la vie. Cela peut ressembler à un air de fête qui remplit l'âme à cause d'une fraternité d'écoute.
   Par soif de beauté autant que de liberté, on s'y prête pour ne pas s'endormir. Ou, plus modestement, pour se fondre dans la communauté utopique d'un non, ou encore pour retourner à l'errance des anonymes qui peuplent – ou pleurent – le monde.

*

Un corps? Une île?
   Elle est attirante la terre noire de la Grande Comore. Et fière. Noire de lave qu'aucune larme, aucune sueur, aucun baiser n'ont pu attendrir. Elle s'offre en silence, dans une générosité amère. Fatiguée mais loyale, humble mais enflammée, portant en elle l'été rêvé des âmes.
   Le bleu qui l'entoure est comme du rimmel sur des paupières.
   L'île se laisse découvrir comme un visage dont les yeux parfois caressants, parfois horrifiés, parfois stupéfiés se soumettent à la demande : regarde-moi et laisse-moi te regarder, prends-moi et laisse-moi te prendre.
   De sa toison verte luxuriante montent des saveurs chargées d'ivresse poétique qui séduisent les sens : cannelle, vanille, girofle, cumin, muscade, tamarin, cacao, café; des fruits qui chauffent le goût : mangues, papayes, citrons, fruits de la passion, grenades, corossols, bananes roses ou jaunes, arbres à pin; des fleurs dont les noms éveillent les rêveries : ilang-ilang, ibiscus, flamboyants, crêtes-de-coq, clitoris de Vénus.
   Dans une exubérance et une abondance désordonnée.

Alors pourquoi la faim? Pourquoi la misère? Pourquoi cette préoccupation, ce mal obsédant subi au quotidien? Pourquoi ce tourment?
   La nourriture n'est-elle pas ce qui, par essence, doit se partager ? Il s'agit probablement de la seule question pertinente.

D'heure en heure, de jour en jour, je contemple et fais l'apprentissage de cette île comme un corps nu, tragique et sauvage. Fille de la lune, Al Kamar, la terre des Comores m'aura possédé et je l'aurai quittée comme un amour de jeunesse éperdu, jamais retrouvé, inoubliable.
   La terre des Comores porte dans ses entrailles le Khartala, magma de feu, qui perd tout contrôle de temps en temps face à la conduite des hommes. Il peut arrive qu'au spectacle qu'offrent certains hommes, la terre se rebelle. Comme peuvent le faire les chevaux, blessés dans leur dignité, bafoués dans leur bonté lorsqu'ils sont dressés pour être des semeurs de la mort.

Terre de cicatrices, terre de sacrifices, la terre noire des Comores murmure la gravité de la solitude solitaire, le fardeau de l'abandon et la rage – heureuse volonté, gai désespoir – d'encore enfanter rires et chants.
   Sous la pleine lune, splendeur blanche qui procure à la peau diaphane de l'Océan une transparence opaline, les bras des géants baobabs enlacent cette terre trop noire, calcinée dans le feu du Khartala. Ils la protègent des bourrasques, des pluies. Ils voudraient la protéger des crimes et des infamies, mais ne le peuvent.

Au quatorzième jour de son apparition, la lune déverse une lumière si généreuse qu'il est possible de lire en bord de mer. Dans la lumière d'écume se déploient de nouvelles cosmogonies, se dispersent des rêveries conquérantes, s'éveillent des enjeux d'un avenir commun différent.
   À son quatorzième jour, l'effulgence de la lune étire les ombres. La clarté se fait enlaçante comme une amante et redonne l'espoir qu'aucune douleur ne pourra plus atteindre le corps égaré dans l'immensité de l'Océan indien, parce que le corps a tant de souvenirs de déchirements, une mémoire si torturée que son cœur ne bat plus que pour s'endormir – un jour – par usure et rejoindre le berceau de la terre.
   Ce corps n'est déjà plus un corps.
   D'un âge sans âge, il retournera au silence éternel de dieu.

Les Comoriens sont des pauvres sans histoire. Ils ne font pas de bruit. Ils ne subissent aucune répression visible susceptible de mobiliser une attention particulière. Ils sont simplement très pauvres. Voilà toute leur faute. Comme d'autres sur notre petite planète, les Comoriens supportent les conséquences d'une colonisation qui a laissé le pays exsangue. Négligés par un ordre mondial qui ne considère que son nombril économique ils font partie des milliards de personnes obligées de vivre dans des conditions inhumaines.
   Comment ne pas rappeler les paroles d'Ahmed Abdallah, alors président, lors d'un séjour à Paris en 1981?
   Vous savez, je ne suis pas le président! Non. Je suis l'esclave du peuple. Les Comores sont un pays pauvre, très pauvre. Mais les Comoriens sont heureux, très heureux. Dieu a voulu que nous soyons pauvres. C'est la fatalité. Nous l'acceptons et nous en sommes fiers. Seul Dieu nous sortira de cet enfer.
   Il aurait pu ajouter «Je suis riche, très riche. C'est la fatalité également». Ahmed Abdallah était en effet une des grandes fortunes de l'Océan indien. L'actuel président, Mohamed Taki, ne changerait probablement pas une virgule à ces mots. Ils sont dans le même mensonge, dans la même obscénité du pouvoir. En somme, d'une banalité crasse.

Le mot «enfer» est juste, mais dieu, qui a décidément bon dos, est-il responsable du sort de ceux que Franz Fanon a appelé les damnés de la terre.
   Nombreux, parmi ceux qui se déclarent serviteurs de dieu, sont coupables parce qu'ils tuent et laissent tuer en son nom.

Les Comoriens savent que le monde existe, mais peu de gens dans le monde savent ce qu'il faut d'entêtement aux Comoriens pour tenter de vivre.
   (Petit air connu) L'injustice est sciemment façonnée et délibérément entretenue par une poignée d'hommes politiques, notables et riches commerçants (certains réunissent ces trois foncions) pour qui le profit est la seule règle de vie, le seul mode de pensée et qui ont érigé la corruption en système de gouvernement. Les religieux, obscurantistes patents, ne proposent rien pour améliorer la situation. Passéistes, machistes et jaloux de leurs prérogatives, ils entretiennent le peuple dans une ignorance qui sert leur entreprise de maintien en l'état du fonctionnement social. Surtout pas d'évolution. Surtout pas d'émancipation. Ils savent combien l'arriération culturelle redoute le changement et puisent dans cette crainte leur fondamentalisme. C'est la raison pour laquelle la jeunesse, animée par un désir de liberté, de remise en cause des principes figés ou par la volonté de bouleverser les pratiques politiques, est surveillée et réprimée avec violence lorsqu'elle descend dans la rue.

Moroni, la capitale des Comores, n'est certes pas Kigali, ni Alger, ni Groznyï, ni Srebrenica, ni Kaboul. Pas de bandes armées fanatiques qui massacrent. Celui qui dirige le pays ne ressemble pas à Pol Pot, ni à Mobutu, ni à Bokassa. Aux Comores, on ne fréquente pas la famine qui sévit au Soudan. Mais cela change-t-il quelque chose au crime? Un crime commis depuis des années et resté impuni. Car laisser la faim s'installer est criminel comme est criminelle l'indifférence face à l'absence d'accès aux soins les plus élémentaires.
   Où es-tu communauté internationale? Toi qui donnes des leçons, réprimandes, menaces selon tes intérêts?
   Derrière quel baobab te planques-tu?
   Tu n'as rien à dire, France?
   Terre mythique et patrie auto proclamée des Droits de l'homme? Rien à dire?
   Rien.
   En apparence.

*

J'ouvre les yeux sur la ville Moroni. J'écoute les battements de son cœur, les froissements de ses jupes, ses pas traînants dans un désoeuvrement collectif. Mais à distance. Je n'entends pas encore la finesse des détails, l'extrême complexité des comportements. La confusion est trop grande, comme dans la salle des pas perdus d'une gare. Les radios au son de crécelles déversent des prières et des chansons africaines au milieu des conversations, des coups de klaxons, des moteurs rugissants. Aucun signe distinctif : tout semble embourbé dans une même désespérance. Et dans cette promiscuité souvent repoussante, je marche. Je sens l'hostilité des regards posés sur moi. Au début, c'est ce que je crois. Mais je me trompe : la pauvreté peut être accueillante ou caressante aussi.
   Moroni la débrouille s'ouvre lentement à moi, Moroni la magouille ne cache plus son jeu. La survie ne se pose pas de question. J'arpente Moroni la déglingue, la décharge publique, le chantier. Je croise Moroni la colorée à cause des chiromanis et des pagnes enveloppant les corps des femmes et des jeunes filles. Elles sont les couleurs du théâtre urbain, sa légèreté spontanée. Savent-elles leur charme, leur beauté?

Je flâne dans Moroni l'humiliée, dans Moroni la nonchalante en dépit de la faim. Je découvre Moroni l'hésitante entre le laisser aller et le combat pour la liberté. Je me promène dans Moroni la résignation et dans Moroni la fournaise à l'approche de la nuit. Je rencontre très vite Moroni l'amitié et Moroni le désespoir ou la malade qui lutte encore pour survivre et c'est Moroni l'abandonnée qui se laisse découvrir, la sans force et, malgré tout, la bien aimée avec qui l'on partage les litchis, les mangues, les ananas, le mataba, le poutou et les rires au bord de mer.
   Moroni ne permet aucun rêve, ne tolère aucun pleur. Les larmes ne peuvent plus monter jusqu'à ses yeux desséchés par le sel, brûlés par trop de larmes anciennes.

Le quartier Caltex, du nom de la station d'essence, a la réputation d'être le quartier «chaud» de la ville, donc dangereux pour qui s'y aventure sans «guide». Quartier surpeuplé et très pauvre. La délinquance, les petits trafics côtoient de petits commerces : marchandes de sapes, menuisiers, coiffeurs. Des «déplacés», nombreux, jeunes pour la plupart, sans argent, sans boulot, ont trouvé là une piaule pour trois fois rien. On ne se repose jamais à Caltex, dès la nuit, les «branleurs» prennent possession des rues, des trottoirs. On allume des feux sur lesquels on fait griller des brochettes ou des épis de maïs. Une fois la nuit tombée, les filles quittent le quartier.

Je ne sais encore rien de Moroni la traîne-misère, la criarde.
   J'étreins tout de la ville, je ne fais aucun tri.

Je marche dans Moroni la nuit noire. Au hasard. Pas d'éclairage public. Nulle part. Depuis un an, la ville, dès le coucher du soleil, est enveloppée par l'immense manteau noir de la nuit. Les quartiers grouillent de monde, les hommes et les femmes, les enfants et les jeunes vont et viennent, palabrent, se bousculent. Au début, cette situation rappelle les peurs enfantines lorsque sont évoquées les nuits dans nos forêts avec des loups et des sorcières imaginaires. Seules quelques bougies ou lampes à pétrole qui éclairent de leurs flammes vacillantes des petits commerces indiquent une direction. Ou les phares d'une voiture. C'est plus fort, mais plus fugitif. Quel chemin prendre quand la géographie mentale n'a pas encore balisé des repères dans les labyrinthes des ruelles? À qui demander son chemin? À tout le monde. À personne.
   On m'apostrophe. On se moque du muzungu (le blanc). On se propose de m'accompagner là où je dois aller : retrouver ma chambre dans la maison d'un Européen qui m'héberge. «Uniquement loger, a-t-il précisé. Je quitte la maison à sept heures trente et je ne rentre qu'après le dîner, jamais avant vingt et une heures trente. Vous devrez suivre mon rythme.» Je n'ai pas le choix, même si rapidement je fais le calcul du nombre d'heures à passer en ville. Sans sieste, sans douche.

Chaque nuit, j'invente de nouvelles flâneries. Je me hasarde dans des quartiers aux repères compliqués si l'on n'arpente pas les ruelles, les impasses quotidiennement. Amir, quelquefois, me propose de m'accompagner. Nous nous enfonçons dans un dédale qui me semble inextricable. Amir connaît un nombre impressionnant de personnes, des hommes et des femmes. On lui parle, il écoute, il sourit, il encourage, même si bien souvent il entend des reproches faits à l'opposition, reproches qu'il ne peut pas rejeter. Les gens ont raison.

Bonheur d'un nomadisme.
   Je marche à l'ombre de la mort possible.

*

L'image est précise. Nous sommes sur la route entre Hahaya et Vanambouani, deux villages entre l'extrême nord de l'île et Moroni. Nous revenons, Mohamed, Nourou, sa femme, la petite Nidjma et moi d'une après-midi passée à Planète plage, la plage populaire de Mitsamiouli.
   La route longe l'océan, tourmenté ce jour-là. Le ciel est lumineux et le sommet du Khartala presque dégagé. L'océan, les arbres, le ciel, les rares nuages se teintent des couleurs favorites du couchant : le rouge et l'orange. Le spectacle, à lui seul, peut emporter l'âme la plus blasée. On tient «l'état des choses» à distance. Le sentiment esthétique, pour quelques minutes, prend le dessus.
   En haut des montagnes, des feux de pentes brûlent depuis le matin et les hommes qui les ont allumés ne se soucient pas des ravages qu'ils provoquent : on a les moyens que l'on peut pour faire des pâtures.
   La nuit arrive, discrète.
   Et voici l'image qui brise ou supplante la première image : dans la lumière des phares, je vois des dizaines de femmes, des dizaines de jeunes filles marchant à la queue leu leu sur le bord de la route. Marche lente et régulière. Elles portent des fagots de bois sur la tête ou des régimes de bananes ou des bidons d'eau. Elles marchent sur chaque côté de la route. Les pieds nus, vêtues de robes qui ressemblent davantage à des sacs, elles avancent, comme chaque soir, vers les villages où les attendent les maris, les fils, les frères, les pères, les oncles.
   Ce n'est pas la tristesse qui me submerge, mais la stupeur : tandis que les femmes, ces femmes-là de campagnes plus particulièrement, s'usent le corps prématurément à cause des grossesses répétées, du travail sans repos, les hommes palabrent. Ça prie les hommes et ça parle.
   C'est une image, simple image d'un film sans fin.
   Image de femmes dans la masse anonyme des femmes qui vivent le subissement d'un ordre qu'elles savent ne pas pouvoir remettre en cause. Si des désirs de refus se manifestent, ils sont aussitôt écrasés. Elles sont dressées dans la soumission.

Leurs chants, la nuit, telles des plaintes revenues du début des temps, se répandent comme le vent, se perdent comme le vent, s'essoufflent comme le vent.
   Les voix d'une rare douceur, en un élan de parfaite harmonie, mais le timbre seulement, font se taire la pensée. On devient pure écoute. Pour qui chantent-elles? Pour elles-mêmes, pour leurs filles. Ce n'est pas grave de ne pas comprendre les paroles. Elles chantent la terre, l'enfant, le mariage. Elles chantent les fruits, l'eau et encore l'enfant. Elles célèbrent les ancêtres, la vie et toujours l'enfant. Paroles apprises et paroles improvisées se côtoient, se prolongent.

Les voix sortent de l'ombre de leurs corps noirs, ensorcellent l'univers. L'océan écoute, jusqu'au plus loin de son immensité, et fait se rejoindre les voix venues des extrémités du monde. La voix des humbles dans une même musique exprimée. Et les arbres nus gardent la mémoire des amours mis à la torture de la mort. Les voix tombent, telles des feuilles, et traînent comme des mots de détresse sur du papier chiotte. Les mots sortent des corps noirs et s'ouvrent alors les yeux.

*

Du haut de la terrasse, je contemple la mer, le ciel. Je retrouve les piroguiers, les enfants nageant et sautant dans l'eau glauque du petit port des boutres, la circulation anarchique et bruyante. Un coup d'œil suffit pour le constater : les vieilles 4L ont vécu, elles ont été remplacées par des voitures japonaises. Une nouveauté : de nombreuses barques sont équipées d'un moteur. Elles servent à remorquer des boutres. Je me dis «Je suis chez moi.» Mais cette contemplation frontale, au grand jour, cette rencontre de pleine jouissance n'apportent aucune satisfaction. Une fois encore, la plénitude viendra du biais, dans le clair obscur, la rencontre se réalisera dans le brumeux d'un non savoir. L'évidence perd pied. Une nouvelle aventure, et qu'importe sa durée, se jouera dans l'incertain, dans une remise en question a priori. Il me faudra entendre dans le tremblement des mots et m'abandonner aux zigzags des croisements, des conversations, pour m'abreuver d'ombre.

De la terrasse, je remarque un homme qui, les mains dans les poches, exécute d'incessants allers-retours entre une cabine téléphonique et la mosquée à côté de l'immeuble dans lequel habite Amir. Il parle seul. Lentement, comme s'il argumentait. Amir le connaît. Le type n'a pas trente-cinq ans, il est diplômé d'une université française. Il a, comme on dit, subitement «péter les plombs» après avoir en vain cherché du travail. Des attentes, des espoirs déçus, une solitude et une grande pauvreté ont vaincu sa capacité de résistance. Il a rejoint la population « des fous » qui hantent les rues de Moroni. Mais est-il absurde d'imaginer que certains, un jour, ne puissent plus supporter la présence de l'océan, une présence despotique, obsédante, dévoratrice, La terre noire des Comores, trop petite, ne permet pas, en effet, de perdre de vue la masse océane. L'âme se laisse emporter trop loin, dans des replis dangereux d'un regard total, lorsqu'elle est convoquée à contempler l'éternité bleue de l'océan et certains hommes, qui l'ont pour limite envoûtante, s'y enlisent à force d'écouter sa musique qui n'a ni commencement ni fin, ils s'abandonnent à sa puissance d'attraction, ils s'enivrent de sa transparence sensuelle.

 

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